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ces rébellion si fréquentes dans l’histoire, rébellion un moment victorieuse, devant laquelle le pouvoir impérial a dû fléchir, à laquelle il a fait des concessions forcées, mais avec la pensée bien arrêtée de les annuler soit ouvertement par la force, soit secrètement par une ruse persévérante. Ainsi s’expliquent, et la disgrâce de Muhchangah et de Ki-yng, et l’élévation de Yeh, et la réaction si prompte dans les conseils impériaux contre les doctrines qui un moment avaient prévalu sous la pression des victoires anglaises et par l’influence de Ki-yng et de Muhchangah.

La dégradation de Hwang-nganton, la disgrâce de Ki-yng, la nomination de Suh-kwang-tsin au poste de vice-roi des deux Kwangs précisent l’époque où cette réaction s’accomplit. Les conséquences logiques d’un tel changement ne tardèrent pas à se produire ; nous en avons cité quelques-unes » Depuis, l’assassinat de six Anglaisa Hwang-chu-ki et le refus hautain qu’essuyèrent les plénipotentiaires anglais et américains en 1850 vinrent leur donner une plus grande portée, et la proclamation suivante, publiée à cette occasion, montre la part de responsabilité qui incombait à l’empereur lui-même :


« Les officiers de cet empire ont chacun leur sphère particulière de devoir, en dehors de laquelle ils n’ont pas à parler, car une pareille irrégularité engendrerait la confusion. C’est par la libéralité de ce gouvernement et par l’extrême bienveillance du dernier empereur que la permission de commercer a été accordée aux barbares, et ils auraient dû montrer leur reconnaissance en se tenant tranquilles. En venant comme ils l’ont fait à Tsien-tsin, et en transmettant ouvertement des lettres aux ministres du cabinet, ils ont été coupables d’un très grand manque de respect et d’une extrême irrégularité, et nous ordonnons qu’on ne leur fasse aucune réponse, et que l’on agisse comme si rien ne s’était passé. Et comme il est écrit, dans le recueil des règles, que les officiers publics n’ont pas de relations avec les étrangers, les ministres du cabinet se rendraient, coupables d’un très grand manque de respect en accusant réception de cette lettre. D’ailleurs, comme Suh-kwang-tsin, gouverneur général des deux Kwangs, dirige très bien les affaires, comme il a pénétré la malice diabolique du cœur de ces barbares, comme de plus Canton est la voie naturelle de leurs communications, nous ordonnons que désormais toutes leurs affaires soient déférées à Suh-kwang-tsin, et qu’aucun des gouverneurs généraux ou des gouverneurs des provinces maritimes n’ose s’en occuper. Nous ordonnons de plus que cette loi soit publiée, comme devant être observée à jamais. Respectez ceci. »


Après de pareils actes, on ne peut accuser l’Angleterre d’avoir manqué de modération. On est plutôt tenté de s’étonner qu’elle n’ait pas demandé à la force matérielle la réparation des justes griefs qu’elle avait à reprocher au gouvernement impérial, et qu’elle ne