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LA SPECULATION
ET
L'INDUSTRIE

I. Manuel du Spéculateur à la Bourse, par M. P.-J. Proudhon. — II. Les Manieurs d’argent, par M. Oscar de Vallée. — III. Statistique de l’Industrie de la France, par M. Moreau de Jonnès.



La spéculation, de nos jours, a fourni si amplement matière à des écrits de tous genres, qu’on jouerait à cette heure un rôle au moins inutile en venant se mêler à cette croisade universelle contre ce qu’on appelle la folie présente, si même cette croisade se trouvait complètement justifiée ; mais n’y a-t-il pas eu exagération dans l’attaque, et n’est-il pas opportun de rechercher si le mal est aussi étendu qu’on le dit, aussi dangereux qu’on le suppose ? Peut-être trouvera-t-on que le moment est arrivé, non d’élever la voix en faveur de la spéculation, mais de rechercher d’où elle vient et où elle va, d’opposer, si faire se peut, une appréciation mesurée aux clameurs universelles qui la poursuivent. Théâtre, roman, prose, vers, tout depuis quelques années s’attaque à l’amour de l’or avec l’ardeur et l’unanimité de zèle que l’on avait précédemment apportées à préconiser le réveil de l’industrie, la conquête de la terre par le travail de l’homme, le règne des jouissances matérielles permises et accessibles à tous. À coup sûr, si nos mœurs prêtent à pleurer ou à rire, le drame et la satire font bien de s’en emparer : les vices particuliers et publics leur appartiennent, qu’ils les flagellent, soit ; mais on ne s’en est pas tenu là, et, dans des ouvrages purement