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d’arrivée diffèrent essentiellement. 1847, on s’en souvient, fut une année de crise, le maximum de l’escompte à Paris atteignit 1,300 millions ; en 1856, on voit l’escompte à 1,800 millions ; nul doute qu’il n’ait dépassé ce total en 1857.

Si à ces chiffres on ajoute ceux que fournissent les succursales de la Banque, la progression semblerait plus rapide encore : le mouvement, des escomptes dans les succursales n’est pas moindre de 2 milliards 1/2 en 1855, de près de 3 milliards en 1856 ; mais dans les périodes correspondantes, on ne pourrait point trouver de terme de comparaison, la création des succursales est en effet de date récente, et la distribution du prédit au commerce et à l’industrie se faisait alors par les soins des maisons de banque particulières dont on ne connaît pas les opérations.

Il faut enfin, — si l’on veut apprécier les facilités offertes à un développement industriel et commercial de plus en plus significatif et constater par cela même la marche qu’il a suivie, — considérer comme une sorte d’escompte les avances faites aux particuliers sur dépôts de rentes et valeurs, sur lingots et bons de monnaie. Quoique ces avances aient eu souvent pour résultat de favoriser certaines spéculations, elles n’ont point manqué de venir aussi en aide au commerce : en 1855, l’ensemble de ces avances montait à 903 millions, et en 1856 à 1,061. Vingt ans plus tôt, la Banque ne prêtait sur dépôts de canaux, de lingots et de bons d’or que 80 ou 100 millions seulement. À quel chiffre se réduiront ces escomptes et ces avances lorsque la crise aura cessé ? C’est ce qu’il est difficile de prévoir. La loi de réduction elle-même est-elle certaine, et l’escompte reviendra-t-il au chiffre de 1849 ? On ne peut le supposer. La situation de notre pays, si peu troublé par le contre-coup des catastrophes voisines, n’indique-t-elle pas que nous passons déjà par ces temps de réserve prudente et d’inactivité industrielle et commerciale nécessaires pour liquider les embarras du passé et les excès de la production ? Loin donc de voir celle-ci s’arrêter brusquement, et par conséquent le chiffre des avances tomber à un niveau bien inférieur, ne nous trouvons-nous pas, sinon pour le premier semestre de 1858, au moins pour le second, à la veille d’une reprise dont l’abaissement du taux de l’escompte, la situation du portefeuille et l’accroissement de l’encaisse métallique sont les présages à peu près certains ? S’il en était ainsi, si nous ne devions plus voir les opérations de la Banque revenir à un chiffre trop inférieur aux résultats actuels, on aurait alors la preuve rigoureuse d’un mouvement industriel et commercial hors de toute proportion avec le passé.

Quelques faits peuvent encore donner l’idée de ce mouvement depuis vingt années. De 1836 à 1855, il résulte fies déclarations faites au greffes des tribunaux de commerce des départemens qu’il