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pour Naples, il y a d’autres affaires plus graves et d’un plus sérieux intérêt.

Venons à la Hollande, à ce pays où tout marche d’un pas mesuré et calme. Depuis que la politique hollandaise se trouve heureusement affranchie des troubles intérieurs qui se sont manifestés en ces dernières années par des luttes parlementaires, des crises ministérielles, et quelquefois par une certaine émotion publique, les esprits se tournent incessamment vers des affaires d’un caractère tout positif, telles que les combinaisons financières, les remaniemens d’impôts, la construction des chemins de fer, l’état des colonies, la concession d’un télégraphe sous-marin entre les Indes néerlandaises et les possessions britanniques de l’Orient, l’extension des rapports commerciaux avec le Japon. Les chambres, après une prorogation de quelques semaines, vont reprendre leurs travaux, et ce temps de repos parlementaire n’a point été perdu. Le nouveau ministre de la guerre, M. van Meurs, s’est occupé de la réorganisation de son département, dont les dépenses n’ont été provisoirement votées que pour six mois. Le bilan financier de l’année qui vient de s’écouler a été définitivement établi, et il ne fait que confirmer les prévisions favorables émises à l’époque où le budget était présenté. Les recettes de 1857 dépassent d’un million de florins celles de l’année précédente. En se réunissant aujourd’hui, le parlement hollandais va se trouver en présence de deux questions principales qui préoccupent également l’opinion publique. La première est la réforme des impôts, œuvre toujours grave et délicate, problème épineux qui consiste en définitive à alléger le poids des charges publiques sans diminuer les ressources de l’état. Le ministère, si l’on s’en souvient, a fait des propositions qui attestent son dessein d’entrer sans plus de retard dans cette voie réformatrice : il a présenté un projet de remaniement d’impôts conçu de façon à dégrever les grandes communes, en diminuant particulièrement les taxes directes. Il y a de plus une motion de plusieurs membres de la seconde chambre tendant à l’abolition des droits d’accise sur l’abatage. Le gouvernement n’est donc nullement pris à l’improviste, le parlement est déjà en possession de tous les élémens d’une discussion approfondie, et l’opinion s’intéresse vivement à ces réformes.

Il y a une autre question dont les esprits ne se préoccupent pas moins en Hollande, et qui depuis quelque temps est devenue l’objet d’un incessant examen : c’est celle des chemins de fer. Les Hollandais ont déjà des chemins de fer sans nul doute, mais ils n’en ont pas autant que les autres pays ; ils se sont laissé devancer par les Belges, leurs voisins. Or ils voient chaque jour plus clairement que leur commerce souffre de ce retard trop prolongé dans l’établissement d’un réseau bien coordonné, et surtout de l’absence de quelques grandes lignes internationales. Bien que le commerce hollandais se soit accru depuis dix années, cette augmentation est proportionnellement moins considérable que dans les pays où les chemins de fer se sont développés. En France, le commerce a plus que doublé ; la même progression s’est fait remarquer en Belgique, en Allemagne, tandis que pour la Hollande l’accroissement n’a point été au-delà de 60 pour 100, et comme la navigation fluviale ne peut plus suffire aujourd’hui, il est de toute nécessité de stimuler l’essor du commerce néerlandais, d’alimenter et de féconder les rapports internationaux par un nouveau moyen. Ce moyen, c’est la con-