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troupes de Vercingétorix sortent de la place. Les Romains, de leur côté, courent à leurs postes. Flèches, dards, pierres, balles de plomb, tous les projectiles que les assaillans avaient apportés avec eux, ou que leurs adversaires avaient préparés derrière le rempart, volent au milieu de l’obscurité, et de part et d’autre font de cruelles blessures. Tant que les Gaulois furent à quelque distance du retranchement, la multitude de leurs traits leur donna un certain avantage, et les lieutenans Marc-Antoine et Trebonius, qui commandaient dans cette partie des lignes, durent tirer les réserves des réduits pour regarnir les parapets ; mais quand les Gaulois approchèrent, les uns tombèrent dans les chausse-trappes, les trous-de-loup et les autres pièges effroyables qui couvraient l’approche des retranchemens ; d’autres furent accablés par les projectiles plus parfaits que les Romains lançaient du haut des tours et des parapets. Le jour paraît sans que la circonvallation ait été entamée nulle part. Les assaillans, craignant d’être pris de flanc par quelque colonne sortie des camps qui étaient sur les hauteurs, lâchent prise et se retirent. Les troupes de la ville n’avaient encore comblé que le fossé perdu ; voyant la retraite des leurs, elles rentrèrent dans la place.

Après ce double échec, les généraux gaulois étudièrent le terrain avec soin, et par une reconnaissance exacte trouvèrent enfin le point faible de la position fortifiée par leurs adversaires. Il y avait au nord une colline qu’il eût été impossible d’envelopper dans les retranchemens sans donner aux lignes romaines, déjà bien longues, un développement excessif. Aussi en ce point avait-il fallu s’établir sur un terrain en pente, dominé, et de toutes façons peu avantageux. Ce poste était confié à deux légions que commandaient les lieutenans Antistius Reginus et Caninius Rebillus. C’est là que les Gaulois résolurent de diriger leur principale attaque. Un corps de 60 000 hommes, choisis parmi les plus braves de tous les contingens, est formé et mis sous les ordres d’un des quatre généraux, l’Arverne Vercassivellaun, proche parent de Vercingétorix. Cette colonne devait gagner le point d’attaque par une marche de nuit et des chemins détournés, pour commencer le combat à midi ; au même moment, une démonstration générale devait être faite contre toutes les lignes romaines. Ce plan, bien conçu, fut exécuté avec beaucoup de secret et de bonheur. Les troupes de Vercassivellaun quittèrent leur camp à la première veille, arrivèrent avant l’aube au pied de la hauteur qui leur avait été désignée, et attendirent l’heure convenue dans le repos et le silence. À midi, elles s’élancèrent à l’attaque ; en même temps la cavalerie gauloise se rangeait dans la plaine, et le reste de l’infanterie se montrait devant les camps. Du haut de la citadelle