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nous montre la cavalerie de Vercingétorix établie, non pas dans Alaise, ni dans le camp à l’est de la ville, mais dans un autre camp dont il n’est pas question dans les Commentaires, et qui aurait été à l’ouest du massif sur Charfoinge. S’il en était ainsi, nous ne pourrions que nous étonner encore plus de la singulière combinaison qui, entraînant le proconsul sur le plateau d’Amancey, lui aurait fait différer cette opération de plusieurs jours et en rendait le succès problématique, tout au moins incomplet. Arrivant devant Alaise sur les traces des fuyards par la direction naturelle, il attaquait Charfoinge avec toutes ses forces réunies ; si ses cavaliers avaient l’avantage, ses fantassins étaient là pour les soutenir, et pouvaient, nous l’avons déjà dit, se loger immédiatement sur le massif. Aujourd’hui il faut que sa cavalerie descende des positions qu’il occupe, fasse par le nord le tour de la ville et de la citadelle, franchisse le Lison, et, sans infanterie, s’en aille, au milieu des ravins et des montagnes, déboucher devant l’ennemi par un étroit passage. M. Delacroix fait remarquer cette dernière circonstance, et lui attribue la longue durée du combat. Nous sommes forcé de répéter que le champ de bataille n’est guère plus large, et qu’il ne nous semble ni répondre à la description qu’en donne César, ni se prêter à l’action dont le caractère et les principaux traits sont reproduits dans les Commentaires. Nous avouons aussi avoir quelque peine à comprendre comment les légions, séparées de leurs auxiliaires par toute l’épaisseur du massif, purent leur être de quelque secours, comment leur mouvement en avant put être si décisif et causer une si vive terreur aux Gaulois, quand elles avaient devant elles la profonde gorge du Lison.

Après la défaite de sa cavalerie, Vercingétorix la renvoie. Si dans toute hypothèse on peut s’étonner, au premier abord, qu’il ne se soit pas en même temps débarrassé d’une partie de son infanterie ou au moins des bouches inutiles, cette surprise devient, devant le système de M. Delacroix, plus grande et plus durable ; car assurément ce n’étaient pas les redoutes construites sur le plateau d’Amancey qui pouvaient entraver les communications des soi-disant assiégés avec l’extérieur. Où trouver encore l’intervalle entre les ouvrages romains (quo nostrum erat opus intermissum) par où cette cavalerie s’échappe ? On nous dit que ce fut par la vallée qui conduit à Salins ; mais les assiégeans n’avaient fait encore aucun travail de ce côté.

Puis le général gaulois fait rentrer dans la place toutes les troupes qui étaient établies en dehors. Pour qui n’a lu que les Commentaires, cette phrase a un sens très simple : l’assiégé abandonne le seul ouvrage extérieur dont il ait été question, le camp retranché qui était situé à l’est. M. Delacroix traduit plus librement. Selon lui, les Gaulois rectifièrent leur position, c’est-à-dire qu’ils abandonnèrent le To-