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l’une de nos expositions quinquennales, l’édifice demeurerait, par ses aménagemens et par ses dispositions intérieures, tout à fait impropre à cette destination. Depuis que le Palais de l’Industrie est devenu, heureusement pour les actionnaires, propriété de l’état, on s’est fréquemment demandé ce que l’on en ferait. Les uns ont proposé d’y établir la Bourse ; les autres l’ont transformé en caserne ; d’autres encore y ont installé définitivement l’Opéra. Bien que l’on y ait vu successivement une exposition agricole, une exposition des beaux-arts et une exposition d’horticulture, les esprits ne se sont pas jusqu’à ce jour habitués à y voir l’emplacement d’une exposition industrielle, et ce grand monument reste là, prenant beaucoup de place, très embarrassant pour l’acquéreur, et fort embarrassé lui-même de sa lourde inutilité. Nous ne savons ce que les destins lui réservent, mais il peut dès à présent changer son enseigne : comme palais de l’industrie, il est condamné ; il ne survivra pas à l’arrêt qu’a prononcé contre lui le prince Napoléon. Il faudra donc, pour les expositions nationales comme pour les expositions universelles, que l’état fasse les frais d’un bâtiment temporaire.

Nous arrivons aux questions que soulève la préparation du règlement applicable aux expositions. Parmi ces questions, qui sont très nombreuses, mais qui, pour la plupart, semblent avoir été suffisamment résolues par l’expérience en 1851 et en 1855, le prince Napoléon a signalé trois points principaux qui réclament un examen approfondi : 1o les législations douanières peuvent-elles subsister telles qu’elles existent ? 2o quelle décision doit être prise à l’égard des prix de vente ? 3o les jurys de récompenses atteignent-ils au but qui les a fait instituer ?

On sait que notre législation douanière frappe encore de prohibition ou de droits très élevés un grand nombre d’articles manufacturés à l’étranger. Lorsque l’exposition universelle fut décrétée, on se demanda comment il conviendrait de traiter les produits apportés au Palais de l’Industrie. Il fut décidé d’abord que, dans l’enceinte du palais, ils demeureraient placés sous le régime de l’entrepôt ; mais, l’exposition terminée, obligerait-on les fabricans à acquitter le droit intégral sur les produits tarifés, droit qui s’élève parfois à plus de 100 pour 100 de la valeur, et à réexporter ceux de ces produits qui sont prohibés ? Exiger le paiement de la totalité des droits, c’eût été d’une rigueur extrême ; appliquer strictement la prohibition, c’eût été tomber dans l’absurde. Le plus simple était assurément d’autoriser l’admission exceptionnelle des produits étrangers en franchise de toutes taxes et en exemption de toutes formalités de douane ; mais qu’auraient pensé les partisans de la protection et de la prohibition, c’est-à-dire, il faut bien l’avouer, la grande majorité