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prix de la houille n’a pas eu pour cause, il faut en convenir, l’insuffisance de la production indigène, les plaintes recommencèrent contre l’impossibilité où se trouve notre industrie houillère de se mettre, malgré tous ses efforts, au niveau des besoins de la consommation. Le gouvernement, prenant en considération la multiplicité de ces plaintes, la disette gênante d’une matière première aussi nécessaire que la houille, et la tendance des prix à une élévation excessive, décréta en 1853 le régime douanier auquel est actuellement soumise l’industrie houillère. Il n’apparaît pas d’ailleurs que l’influence de cette mesure ait été favorable à l’abaissement du prix de vente des combustibles minéraux. Il serait évidemment intéressant de connaître la relation qui peut exister entre ce prix et les modifications successives des tarifs de douane ; mais on conçoit que ce résultat ne pourrait être obtenu que par des études exclusivement locales : il ne se dégage pas suffisamment des données que fournit la statistique nécessairement générale de l’administration des mines, c’est-à-dire de la comparaison de la quantité totale de combustibles minéraux consommés dans une année avec la valeur totale en francs de cette quantité[1] ; il faudrait en quelque sorte étudier dans chaque centre de consommation la série des phases subies par le prix de la houille aux diverses époques, et cet examen ne peut rentrer dans notre plan.

Il ne me reste plus, pour terminer ce que j’ai à dire de la législation douanière de la houille, qu’à mentionner le coke ou houille carbonisée comme payant le double des droits d’importation de la houille non carbonisée. Cette distinction, établie en 1838, fut fondée sur la nature manufacturée du produit et sur ce que, dans les évaluations officielles, le quintal métrique est regardé comme équivalent à deux quintaux métriques de houille, ce qui n’est point exact en général. On sait d’ailleurs que le coke a des usages spéciaux, et que cette proportion ne peut avoir qu’un sens fiscal ; depuis le décret de 1853, la houille carbonisée n’acquitte plus que la moitié en sus des droits acquittés par la houille crue.


II. — IMPORTATION DE LA HOUILLE ETRANGERE EN FRANCE.

Le rôle des combustibles minéraux dans l’industrie d’un pays étant maintenant tout à fait comparable au rôle des céréales dans l’alimentation de l’homme, il doit exister une certaine analogie entre

  1. Voici en effet les valeurs moyennes du quintal métrique de houille pour les années que je me suis toujours attaché à considérer : en 1814, le prix était de 1 fr. 7 cent. ; en 1820, de 1 fr. 5 cent. ; en 1830, 1840 et 1850, 98 centimes ; en 1852, de 95 centimes ; durant ces périodes décennales, les variations ne paraissent obéir à aucune loi qui autorise des conclusions formelles.