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utile, le gouvernement de Pondichéry a donné une nouvelle preuve de l’intérêt qu’il porte à la bonne administration des indigènes. Le traducteur avait à lutter contre de grandes difficultés, et il les a surmontées à force d’esprit et de persévérance. Né à Pondichéry, initié dès l’enfance à la connaissance des langues indiennes, M. E. Sicé a déjà beaucoup écrit sur ces pays lointains où la France a joui fort longtemps d’une grande influence. Pour que son instruction fût plus complète, il a visité l’Europe, et de retour dans sa contrée natale, il a repris avec un nouveau zèle les travaux qui l’avaient occupé pendant sa jeunesse. Si éloigné qu’il soit de la mère-patrie, nous devons éprouver de la sympathie pour un littérateur consciencieux qui consacre ses veilles à des ouvrages d’une utilité incontestable. D’autres sauront mieux que nous apprécier la valeur de cet Abrégé de la substance du droit hindou. En consacrant ces courtes lignes à l’examen de l’ouvrage, nous avons voulu surtout saisir l’occasion de rendre hommage à la sagacité et à la science de M. E. Sicé, que nous avons vu, dans des excursions faites ensemble sur la côte de Coromandel, déchiffrer et traduire avec une aisance remarquable les inscriptions en tamoul et en telinga tracées sur les murs des anciennes pagodes.

Th. Pavie.




Catalogue général et raisonné des Camées et Pierres gravées de la Bibliothèque impériale, par M. Chabouillet[1]

Une des tendances actuelles de l’érudition dans notre pays, — et nous souhaiterions que cette tendance achevât de se convertir en coutume, — est le désir d’intéresser la foule à des questions qu’on ne soulevait jadis que pour alimenter entre experts la controverse, et que l’on discutait en quelque façon à huis-clos. Le temps est loin déjà où les savans de profession se gardaient bien de parler notre langue, comme s’ils eussent craint de profaner la science en la dégageant de l’attirail scolastique, et de trahir leur mandat personnel en recherchant le succès ailleurs que dans le monde des initiés. Ils ne dédaignent aujourd’hui ni une publicité plus vaste, ni des formes de démonstration mieux appropriées à nos habitudes, et nous ne croyons pas qu’il y ait dans ce double fait rien qui puisse fausser le rôle de la science, ou en compromettre la dignité. Les travaux archéologiques, par exemple, ont-ils, au fond, moins de sérieux depuis qu’ils n’affectent plus cette majesté un peu aride que prescrivait la tradition ? En attribuant une part plus large que par le passé à l’élément littéraire, aux aperçus généraux, à l’appréciation critique des faits, l’érudition en matière d’archéologie a produit des ouvrages profitables à tout le monde, parce que les spécimens de l’art y sont décrits et jugés avec les développemens nécessaires, au lieu d’être, comme autrefois, sèchement étiquetés d’une date, d’une formule technique ou d’un nom. Il n’est pas même jusqu’aux travaux de simple nomenclature, il n’est pas jusqu’aux catalogues de nos collections publiques où ne se révèle l’intention d’animer autant que possible le sujet, et de faire pressentir, à propos des objets mentionnés, quelque chose de la marche de

  1. 1 vol. in-18, chez Claye, rue Saint-Benoît, 7.