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Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 16.djvu/194

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UN
BOTANISTE EN CHINE

A Residence among the Chinese from 1853 to 1856, by Robert Fortune ; London, John Murray, 1857.



Parmi les voyageurs qui, de notre temps, ont visité et décrit la Chine, M. Robert Fortune tient une place à part. M. Fortune est un botaniste ; il a été chargé, d’abord par la Société d’horticulture de Londres, puis par la compagnie des Indes, de rechercher en Chine les plantes qui pourraient être utilement transportées en Angleterre ou dans les pépinières que le gouvernement de l’Inde a établies sur les versans de l’Himalaya. Ce qu’une société déjà puissante et digne de toutes les sympathies, la Société d’acclimatation, entreprend aujourd’hui en France pour le règne animal, M. Fortune l’a partiellement tenté pour le règne végétal. De 1843 à 1856, il a fait trois séjours assez prolongés dans les provinces occidentales de la Chine ; il a rapporté en Angleterre de nombreux échantillons, de fleurs dont les rejetons ornent les jardins de Cheswick : les pépinières de l’Himalaya lui doivent la prospérité récente de leurs plantations de thé. C’est beaucoup sans doute, et M. Fortune a rendu un grand service à son pays ; mais il y a plus, ce voyageur, qui sait le nom latin de tout ce qui pousse sur notre planète, et qui baptise sans hésitation, sous l’invocation de la science, les plantes les plus chinoises, est encore un narrateur très original et très gai : cette gaieté même et l’agréable mélange d’humour et de science facile qu’il a su répandre dans ses récits ont failli lui porter malheur. M. Fortune était si amusant qu’on hésitait à le prendre au sérieux !