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Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 16.djvu/485

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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 juillet 1858.

L’intelligence française est engourdie et morose. C’est le mal de notre temps, personne ne le niera, car tout le monde en souffre. Nous n’aurions nul goût à décrire cette indisposition de l’esprit français, encore moins à en rappeler les causes. Ces causes ne sont que trop connues. C’est le remède qu’il serait temps enfin de trouver. Nous sommes fermement convaincus qu’il est à notre portée. Le cours des événemens, secondé par quelques efforts généreux, ne peut tarder à rendre à la France la saine activité de sa vie intellectuelle et morale. La renaissance dans laquelle nous espérons dépend assurément en grande partie du pouvoir ; elle dépend plus encore de nous, de notre foi et de notre constance. À ce sujet, nous demandons la permission de dire franchement comment nous entendons, dans les circonstances où la France est placée, les devoirs de ceux qui n’ont point renoncé à la liberté d’exprimer leur sentiment sur les affaires publiques.

Ce qui manque à l’expression des opinions politiques, ce sont les garanties régulières de la liberté. Sur ce point, nous ne serons contredits par personne. Sous l’empire du décret auquel la presse est soumise, nous ne saurions avoir qu’une liberté de tolérance, l’existence et la conduite de la presse politique étant placées sous l’inspection et la main du pouvoir administratif, et demeurant exceptées du droit commun. Les influences restrictives qu’un tel état de choses exerce sur le développement de la pensée politique, on les connaît : elles ont dépassé sans doute les vues qui avaient inspiré le décret sur la presse, car elles ont été exagérées par la timidité de ceux qui avaient à redouter les sévérités de ce décret. C’est contre ces exagérations qu’il faut, suivant nous, se décider enfin à réagir : nous croyons qu’on ne doit point dédaigner d’user de la liberté de tolérance, pour arriver à la liberté de droit.

Nous ne nous dissimulons point qu’en exprimant une pareille opinion, nous courons le risque de blesser des scrupules honorables. Des amis dé-