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Page:Revue des Deux Mondes - 1859 - tome 20.djvu/1002

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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 avril 1859.

Nous nous félicitons de pouvoir commencer par une affirmation rassurante : le congrès se réunira, et probablement dans des conditions plus favorables à la paix qu’on ne l’avait d’abord espéré. La certitude de la réunion du congrès a aujourd’hui une signification d’autant plus heureuse que nous venons de traverser l’épreuve la plus difficile par laquelle nous aient fait passer encore les complications qui agitent l’Europe.

L’adhésion des puissances au congrès proposé par la Russie était en effet à peine connue que les doutes les plus sérieux se sont élevés sur la possibilité d’ouvrir cette grande délibération. Une première difficulté avait excité la controverse : le Piémont serait-il admis au congrès avec voix délibérative au même titre que les cinq états qui forment ce que l’on a nommé la pentarchie européenne ? Cette difficulté n’était pas fort grave : elle nous préoccupait peu pour notre compte, car nous ne considérions pas qu’il fût désavantageux au Piémont de ne point prendre part aux décisions du congrès, et de conserver pour l’avenir, au prix de cette abstention, la liberté d’action de sa politique italienne ; mais cette polémique a été bientôt éteinte par un débat plus périlleux. L’Autriche a émis une prétention qui pendant une semaine a rendu douteuse la réunion du congrès et a fait craindre l’explosion immédiate de la guerre. Le cabinet de Vienne a voulu subordonner son entrée dans le congrès au désarmement préalable du Piémont. C’était poser une question irritante avec une maladresse singulière, dans les termes les moins favorables à une bonne solution. Entre le Piémont et l’Autriche, la discussion portée sur ce terrain n’avait point d’issue. Qui a armé le premier ? d’où sont venues les premières menaces ? Quand une lutte politique a duré quelque temps, chacun croit sincèrement avoir le droit de trancher de telles questions contre ses adversaires. Entre l’Autriche et le Piémont, qui prononcerait ? Était-on fondé à croire que la France et la Russie donneraient tort