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sont les causes les plus ordinaires de l’émigration des gens de la campagne vers les villes, et quels seraient les moyens d’y remédier ? Parmi les membres nouvellement admis vers la même époque, on remarque le duc du Châtelet, l’archevêque de Toulouse, Loménie de Brienne, qui devint peu après premier ministre, le célèbre chimiste Darcet, Rougier de La Bergerie, propriétaire-cultivateur en Touraine et auteur de plusieurs écrits estimés sur l’histoire de l’agriculture, Cadet de Vaux, collaborateur de Parmentier à l’école de la boulangerie, le marquis de Goufrier, le marchand grainetier Vilmorin, dont le fils et le petit-fils sont encore aujourd’hui membres de la société.

Le 30 mai 1788, la société reçut de Louis XVI une organisation nouvelle qui devait accroître beaucoup son importance. Un arrêt du conseil du roi lui décerna le titre de Société royale d’Agriculture, et l’autorisa à tenir ses séances dans une des salles de l’Hôtel de Ville. Ce n’était plus seulement de la généralité de Paris qu’elle devait s’occuper, ses travaux devaient embrasser toute la France. L’intention manifeste de ce nouvel édit était de faire de la société un corps considérable dans l’état. Le prévôt des marchands, le procureur du roi de la ville de Paris, l’intendant de la généralité, le président de l’assemblée provinciale de l’Ile de France, étaient déclarés associés-nés ; les intendans de toutes les généralités du royaume et les présidens de toutes les assemblées provinciales qui se trouveraient à Paris étaient invités à assister aux séances quand il y serait question de leur province. Un comité permanent de huit membres désignés par le contrôleur-général des finances, devait être chargé de répondre aux questions d’économie rurale dans leurs rapports avec l’administration qui lui seraient adressées par le gouvernement.

On remarquera parmi les personnages invités à assister aux séances les présidens des assemblées provinciales, c’était en effet une des plus utiles créations de Louis XVI que ces assemblées, qui sont devenues, après bien des vicissitudes, nos conseils-généraux de déparlement. On retrouve ainsi une à une dans les institutions de ce temps tout ce qui a survécu de vraiment conforme à l’intérêt public. La première idée des assemblées provinciales, dans l’intention de faire contre-poids au pouvoir sans contrôle des intendans, aujourd’hui nos préfets, perce dans les plans de gouvernement préparés par Fénelon pour le duc de Bourgogne. Le marquis de Mirabeau, père du grand orateur, avait repris et développé cette idée dans un Mémoire sur les états provinciaux publié en 1757. Le projet resta sans exécution pendant le règne de Louis XV. Dès son arrivée au ministère, Turgot manifesta l’intention de le réaliser, mais on