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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 juillet 1859.

Amis de la paix, convaincus en conscience que la guerre n’est légitime qu’à la condition de n’être point arbitraire et de se présenter avec le caractère d’une irrésistible nécessité, médiocrement confians dans l’efficacité de la force matérielle appliquée à la solution des grandes questions morales, habitués à croire que ce n’est point précisément avec des secours étrangers qu’un peuple secoue une domination étrangère et conquiert véritablement son indépendance, nous ne pouvons que nous réjouir de la soudaine résolution à laquelle nous sommes redevables de la fin de la guerre. Moins que d’autres peut-être, nous avons été surpris par cette péripétie, car, après l’éclatant succès de Solferino, nous avions compté sérieusement et sur la résignation de l’Autriche à des sacrifices inévitables, et sur la modération de la politique française, modération qui pouvait seule conjurer quelques-unes des graves difficultés déjà nées du développement de la guerre. Ce qui manque à la France, ce n’est certes point la gloire des armes : elle en est rassasiée. Ce qui manque à l’Italie, ce n’est certes point l’intervention armée des étrangers dans ses affaires : c’est à cette intervention incessante depuis des siècles qu’elle doit imputer presque tous ses malheurs. Ceux donc qui, comme nous, après avoir souhaité vainement que la guerre fût prévenue, demandaient du moins qu’elle fût courte, sia il combatter corto, comme disait Pétrarque, ont bien le droit de se féliciter de voir exaucé le plus modeste de leurs vœux, car personne ne pourra les accuser d’inconséquence, ou leur imputer i’avortement d’espérances excessives et trop témérairement surexcitées.

Nous ne connaissons encore que les principaux traits de la paix qui a été signée entre l’empereur d’Autriche et l’empereur des Français à Viilafranca. L’Italie sera organisée en confédération sous la présidence honoraire du pape. La Lombardie, sur laquelle l’Autriche nous cède ses droits, est don-