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bois rouges et de quelques autres plantes a développé, par la chute et la désagrégation des feuilles, un abondant humus, que se rencontrent les conditions favorables de défrichement en vue d’établir une plantation de cafiers. Les énormes troncs des figuiers abattus ainsi que leurs plus forts rameaux, les tiges et grosses branches des bois rouges, sont entassés pour servir d’abri aux jeunes plants, et plus tard d’engrais, par suite des altérations spontanées qui peu à peu réduisent en terreau ces grands corps ligneux. Quant aux menus branchages, ramilles et feuilles, on les brûle ordinairement, afin de trouver dans les cendres qui en proviennent les élémens minéraux réclamés par les besoins de la végétation.

Parfois aussi on doit disposer d’avance de puissans abris protecteurs contre les vents impétueux et contre les grandes ardeurs du soleil. On y parvient à l’aide des acajous, dont la rapide croissance permet de compter sur d’assez prochains abris. Ces grands arbres, exempts d’émanations défavorables pour les cafiers, leur procurent au contraire de nouveaux engrais en allant puiser dans le sol par leurs racines, et dans l’atmosphère par leur végétation aérienne, les alimens minéraux et organiques bientôt accumulés dans leurs feuilles. Celles-ci, par leur chute automnale (vers le mois de septembre) sur le sol et leur désagrégation ultérieure, servent à la nourriture des racines, moins profondément pénétrantes, des cafiers. D’ailleurs, et avant de se réduire en terreau par une dernière décomposition, ces feuilles tombées accomplissent une autre fonction utile : elles couvrent la terre d’une sorte d’écran multiple qui s’oppose à une trop rapide évaporation de l’eau superficielle, et entretient ainsi une humidité très favorable à la végétation. On complète cette sorte d’abri vivant dans les sols convenablement humides en y cultivant des cacaoyers : ceux-ci, par leurs épaisses et larges feuilles, protègent mieux encore, et sur une moindre hauteur, les plants de cafier contre les trop rapides courans d’air. En outre les triples rangées de ces plantations protectrices, normales ou perpendiculaires à la direction habituelle des vents qu’il s’agit de braver, doivent laisser entre elles de larges intervalles qui puissent suffire à la libre circulation de l’air comme à une abondante distribution de la lumière diffuse indispensable pour exciter et soutenir les fonctions assimilatrices de leurs organes foliacés.

Une fois le terrain choisi, on s’occupe soit de l’ensemencement, soit de la plantation. Pour l’ensemencement comme pour la plantation, c’est de novembre à mai qu’il convient d’opérer. L’ensemencement donne des arbustes plus largement enracinés, capables de mieux résister aux violens déplacemens d’air. Avec la plantation, qui permet de préparer d’avance les plants en pépinière, on peut