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ou moins grande; mais cette résistance n’est pas non plus insurmontable, et les corps dits les plus isolans, tels que le blanc de baleine, la laque et le soufre, ne sauraient contrarier le passage de décharges considérables d’électricité. La faculté isolante ne consiste que dans la résistance plus ou moins grande opposée par les corps qui en sont doués à la destruction des états électriques moléculaires, et cette résistance dépend de la nature, des dimensions, des conditions physiques du corps, aussi bien que de l’intensité de l’électricité accumulée sur le corps dit isolé.

Il y a plus : on a aujourd’hui de fortes raisons pour admettre, avec M. Faraday, que l’état électrique où se trouve un objet tient uniquement à celui des corps dont il est environné, et tout récemment un des plus illustres physiciens de l’Italie, M. Matteucci, a confirmé par d’ingénieuses expériences les idées du savant anglais. Isolant ou conducteur, il existe toujours au voisinage d’un corps quelconque un autre corps dont l’état électrique détermine le sien, en sorte que l’induction paraît être un phénomène général dans la nature. Suivant M. Faraday, il se produirait alors quelque chose de fort analogue à l’action et à la réaction des corps élastiques. Un ressort d’acier nous fournit l’exemple d’un corps susceptible de développer une force, dès qu’un agent extérieur l’a suscitée. La condition nécessaire pour que l’action du ressort se fasse sentir, c’est que celle-ci s’exerce au même degré dans deux directions opposées. Comprimons, puis étendons le ressort, et aux deux extrémités nous constatons l’existence de deux forces contraires : l’une peut être regardée comme positive, l’autre comme négative. Nous reconnaissons de plus que chaque section intermédiaire de ce ressort en spirale est dans un état semblable d’action et de réaction, c’est-à-dire dans cet état polaire dont parlent les physiciens. En estimant la somme des forces développées par les spires du ressort et la mesurant dans une certaine direction, nous devons nécessairement admettre qu’elle est la même dans la direction inverse. Les choses paraissent se produire ainsi dans l’électricité : tous les phénomènes de ce que l’on a appelé l’électricité positive et l’électricité négative s’expliquent jusqu’à un certain point par l’action et la réaction d’une force capable de se manifester à des degrés divers dans différentes substances. D’ailleurs l’expérience montre que l’électricité produite par induction est contraire et parfaitement égale en intensité à l’électricité qui la développe.

Quand on s’élève à une conception aussi générale des phénomènes électriques, on ne s’étonne plus de les voir accompagner presque tous les actes de la nature, et se développer plus particulièrement sous l’influence de la chaleur. L’élévation de température suffit en