Page:Revue des Deux Mondes - 1859 - tome 23.djvu/686

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sage d’un courant électrique voisin; tel est l’électro-moteur de M. Jacobi. D’autres machines, les électro-moteurs de M. Froment par exemple, sont mises en mouvement par l’attraction qu’exerce un électro-aimant sur une armature de fer doux. Toutefois, au point de vue de l’économie et de la puissance, ces machines sont fort inférieures aux machines à vapeur. Ce qui rend les appareils magnéto-électriques précieux, c’est qu’on peut développer en eux à volonté les courans électriques. De cette manière, ils créent ou anéantissent au moment voulu le courant dont on a besoin pour produire tout l’ensemble des phénomènes de l’électricité dynamique. M. Faraday et un habile opticien, M. Pixii, ont inventé à cet effet diverses machines; les plus perfectionnées sont celles de Saxton et de Clarke. Dans ces appareils, une barre de fer doux, ayant la forme d’un fer à cheval dont chaque branche est entourée d’un fil de métal que recouvre une substance isolante, la soie, est mise, par un mécanisme, en rotation devant les pôles d’un aimant recourbé, un mouvement de roue ou de ressort suffit pour amener en présence d’un des pôles une des branches de la barre de fer doux. À chaque passage, il y a aimantation et désaimantation du barreau, par conséquent développement dans les fils qui enveloppent ses deux brandies de deux courans électriques en sens contraire. On obtient des effets plus puissans encore en substituant à l’aimant naturel un électro-aimant ou aimant temporaire. Il suffit d’une seule pièce de fer doux, autour de laquelle on a enroulé deux fils de métal recouverts de soie. On fait passer à travers l’un de ces fils un courant voltaïque, en ayant soin de le rendre discontinu, et on obtient dans l’autre une suite de courans induits dirigés alternativement en sens contraire et correspondant au passage et à l’interruption du courant inducteur. Seulement l’emploi de la pile se combine alors avec celui de l’électro-aimant, et la machine participe de deux classes d’appareils.

Grâce à cette production à volonté des courans électriques, on peut les faire parvenir, à l’aide de conducteurs, à d’incroyables distances, car la rapidité avec laquelle l’électricité se propage est extrêmement grande. On n’est pas complètement d’accord sur la mesure de cette vitesse, qui paraît au reste varier suivant les circonstances. M. Gould a trouvé 25,600 kilomètres par seconde, MM. Fizeau et Gonnelle tour à tour 100,000 et 180,000, M. Wheatstone 460,800. Les nombres auxquels on est arrivé dans certains observatoires sont beaucoup moindres; ils donnent cependant encore une rapidité bien voisine de l’instantanéité. Ainsi, au moyen d’un fil conducteur mis en rapport avec un appareil convenable, il est possible de produire à distance, et l’on vient de voir à quelle