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moins considérable, car les importations, année moyenne, durant cet intervalle de temps, s’élevèrent à 3,587,425 kilos. La production dans nos colonies, bien que graduellement croissante, notamment à la Martinique, a fourni un peu moins que la dixième partie des quantités introduites en France durant la dernière période. Quant au commerce spécial, représentant la consommation chez nous durant les mêmes périodes, la progression frété plus rapide encore : elle s’est élevée, année moyenne, de 809,004 à 1,602,647, puis à 2,835,641 kilos. La fabrication du chocolat, représentant moitié au-delà de ces quantités, a suivi la même progression ascendante, équivalant, dans une année de la dernière période, à 4,253,441 kilos. En ce moment même, on peut dire que le commerce et la consommation du cacao, ainsi que la fabrication du chocolat, suivent leur marche ascendante, car la moyenne des quantités importées durant les deux années 1857 et 1858 se sont élevées à 5,555,210 kilos, dépassant de plus de moitié les importations de la précédente période décennale. Quant à la consommation, elle n’a pas été moins progressive, puisque, durant ces deux années, elle a en moyenne atteint 3,623,966 kilos, supérieure aussi de près de 50 pour 100 à la consommation de la période décennale précédente. Et cependant les droits à l’entrée dépassent la moitié de la valeur du produit imposé. Une réduction notable de ces droits aurait encore, sans aucun doute, des résultats utiles à plus d’un point de vue, en développant la production dans nos colonies, ainsi que le commerce international et intérieur, en accroissant la consommation[1], en améliorant la qualité d’un aliment agréable, doué de propriétés éminemment nutritives, mais que la population la plus nombreuse, forcée de consommer des chocolats à bas prix, ne connaît guère encore.

Mais avant de suivre le cacao transformé en chocolat dans la consommation publique, il faut indiquer les principales espèces commerciales, les qualités particulières, la composition naturelle qui les distinguent.

Les produits des provenances diverses peuvent être ainsi classés suivant l’ordre de la qualité : en première ligne, le cacao caraque,

  1. On peut juger de cette influence par les causes mêmes qui ont déjà produit de semblables effets : de 1816 à 1834, le tarif variait de 80 à 115 et 120 francs, suivant les lieux de provenance. La loi de 1836, en abaissant de 50 pour 100 ces droits, doubla en moyenne la consommation pendant les dix années suivantes. Il ne faut pas oublier d’ailleurs que l’abaissement des tarifs sur ce point amènerait au profit du trésor une double compensation dans les progrès plus rapides de la consommation du cacao et dans l’accroissement simultané de la consommation du sucre, chaque quintal métrique de cacao brut nécessitant l’emploi de 75 kilogrammes de sucre au moins pour la fabrication du chocolat.