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l’année où les émigrans ont été le plus nombreux, la population de l’Angleterre et du pays de Galles augmentait de 216,233 âmes par l’excédant des naissances sur les décès, tandis que l’émigration ne lui enlevait que 143,767 habitans.


III

Quels ont été les résultats définitifs de la réforme de la loi des pauvres ? En 1857, 20 paroisses isolées et 585 syndicats, comprenant 13,964 paroisses, étaient soumis au régime institué par l’acte d’amendement du 14 août 1834 ; 15 paroisses isolées et 21 syndicats, comprenant 320 paroisses, avaient des workhouses régis par divers actes locaux ; 2 paroisses isolées et 12 syndicats, comprenant 200 paroisses, s’étaient obstinément maintenus sous la règle de l’acte Gilbert ; enfin 89 paroisses ne reconnaissaient encore d’autre loi que le statut d’Elisabeth. Ces 14,610 paroisses de l’Angleterre et du pays de Galles contenaient une population de 17,927,609 âmes, sur laquelle la taxe des pauvres levait 211,024,750 francs, soit 8 shillings 5 pence, 1/4 par personne, ce qui est à peu près la cote personnelle de l’année 1803, mais ce qui dépasse de beaucoup celle de 1853, évaluée à 5 shillings 6 pende. Sur cette somme, il n’était affecté à l’assistance que 147,460,900 francs, et le reste couvrait les autres dépenses des comtés et des bourgs, car, par suite de cette promiscuité particulière à l’administration anglaise, des fonds destinés à des usages différens sont versés dans une même caisse, comme des attributions de nature diverse sont dévolues au même fonctionnaire. Un chanoine de Bristol est, par exemple, aujourd’hui chargé des examens pour l’admission à l’école d’artillerie, et l’on voit souvent le produit des taxes d’église (church rates) dépensé pour la destruction des moineaux et des renards[1]. De ces 147 millions de francs, l’intérêt des emprunts en absorbait plus de 5, et les traitemens des employés plus de 21. Les pauvres n’en recevaient que 121, dont 27 dans l’intérieur des vorkhouses et 94 en secours à domicile. À ces sommes il faut ajouter 8 millions de francs pour la dépense des asiles d’aliénés et 5 millions pour l’assistance médicale, qui, joints à la somme donnée plus haut, portent à plus de 160 millions de francs les frais de l’assistance légale en 1857. Les assistés étaient au nombre de 843,806, dont 123,382 habitant les workhouses et 720,424 secourus à domicile. En 1858, ces chiffres se sont élevés à 908,186 : ce n’est guère que la dix-huitième partie de la population, et si tous les indigens y étaient compris, la situation

  1. Voyez le compte-rendu de la séance des communes du 8 juin 1858. (Church rates abolition bill.)