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abandonné la Lombardie, je ne cherche pas à la reprendre les armes à la main ; seulement, au lieu de faire de la possession de cette province par le Piémont une question de droit, je tiens à ce qu’elle reste une question de fait. »

La question de la restauration des princes, qui aurait dû être abordée la première, fut, suivant l’historien de la conférence, ajournée à cause des progrès de la révolution dans l’Italie centrale, et en attendant l’effet des démarches entreprises par le cabinet des Tuileries pour aplanir les obstacles qui s’opposaient à la rentrée des archiducs dans leurs états, on aborda les questions qui pouvaient être réglées immédiatement, telles que la délimitation des frontières, la restitution des captures, la fixation de la dette lombarde, la navigation du Pô. Ces points établis, on revint à l’affaire des restaurations. M. Debrauz ne voit naturellement, dans ce qui s’est accompli en Toscane depuis la paix de Villafranca, que la conséquence d’une pression exercée par la Sardaigne. Après avoir épuisé l’argumentation par laquelle les diplomates autrichiens s’efforcent de démontrer que la domination exercée directement ou indirectement par l’Autriche en Italie n’est pas une domination étrangère, après avoir énuméré tous les titres diplomatiques sur lesquels sont fondés les droits des princes cliens de l’Autriche, après avoir rappelé que l’éventualité d’une intervention armée a été écartée à Villafranca, l’empereur François-Joseph ayant dit qu’il ne s’agissait pas de combiner l’action des forces étrangères pour réaliser la rentrée des archiducs, mais de sauvegarder leurs droits et de poser un principe, M. Debrauz arrive à la réserve exprimée par le traité de Zurich et en détermine ainsi le sens : « Confirmer les droits des archiducs par un traité solennel, ce n’est pas seulement déclarer à la face de l’Europe que les hautes parties contractantes ne favoriseront pas l’annexion, mais aussi qu’elles se dépouillent de la faculté de lui jamais reconnaître la force du fait accompli. » Quant au pape, M. Debrauz annonce qu’il est prêt à exécuter immédiatement toutes les promesses du motu proprio de Gaëte, et même d’aller bien au-delà, si les deux grandes puissances catholiques lui donnent des garanties que les concessions nouvelles ne deviendront pas, comme en 1848, une arme aux mains de la révolution. Il assure que les deux cours de Vienne et des Tuileries exposeront au prochain congrès les mesures qu’elles auraient concertées pour garantir la tranquillité et l’intégrité des états de l’église, sans porter atteinte à la souveraine indépendance du pape. On proclamerait, suivant lui, la neutralité des états de l’église, et l’on en confierait la garde aux puissances qui sont en communion avec le saint-père. La nouvelle organisation de la Vénétie, telle qu’elle a été stipulée à Villafranca, détermine, selon l’auteur de la brochure, le caractère qu’aura la confédération projetée pour l’Italie. Il a été dit que les rapports de l’Autriche à l’égard de la confédération italienne seront conformes à ceux qui existent, en vertu de l’acte fédéral germanique, entre le royaume des Pays-Bas et le grand-duché de Luxembourg. L’acte final de Vienne porte que le Luxembourg est attribué au roi des Pays-Bas en toute propriété et souveraineté, qu’il formera un des états de la confédération, et que le roi des Pays-Bas entrera « dans le système de cette confédération, comme grand-duc de Luxembourg, avec toutes les prérogatives et privilèges dont jouiront les autres princes allemands. » Or la