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que la force centrifuge s’équilibre partout avec les autres forces. Si, à son état normal, l’anneau n’a qu’une division, comme on le voit communément, il peut arriver que, dans des circonstances particulières, la préservation de l’équilibre exige une séparation dans certaines régions soit de l’anneau intérieur, soit de l’anneau extérieur. Que ces séparations demeurent visibles pendant quelque temps et disparaissent ensuite, même quand on observe avec les meilleurs télescopes, c’est une circonstance qu’on peut expliquer en supposant que les causes perturbatrices ont cessé leur action, et que les parties un moment séparées se sont de nouveau rejointes. »

Le professeur Pierce, de l’université de Cambridge, a poussé plus loin encore l’analyse des conditions d’équilibre de l’anneau saturnien : il a montré que la conservation de l’anneau est intimement liée à l’existence des satellites qui circulent autour de Saturne, et que sans eux il se briserait et tomberait sur la planète. Le nombre de ces lunes ou satellites s’élève aujourd’hui jusqu’à huit. L’un de ces satellites, Hypérion, a été découvert en même temps, au mois de septembre 1848, par M. Bond à Cambridge, et par M. Lassell à Liverpool. Les huit lunes ne sont pas une des moindres merveilles du monde saturnien. Quelques-unes opèrent leur révolution autour de la planète avec une extrême vitesse : Mimas, la plus rapprochée, n’emploie que vingt-deux heures et demie pour faire un tour entier. Qu’on imagine notre lune passant par toutes ses phases dans l’espace d’un seul jour !

L’étude de notre système planétaire, qu’on pourrait croire complète, s’enrichit encore sans cesse. Les observations de MM. Bond sur Saturne tiennent une place très honorable parmi les travaux destinés à nous faire connaître en détail le système des corps célestes dans lequel notre terre a sa place ; mais l’addition la plus importante faite, à notre époque, à ce système a été, comme on le sait, la découverte de la planète Neptune, due à M. Leverrier ; si grande est la perfection des instrumens modernes, qu’on a déjà réussi à découvrir les satellites de cette planète lointaine, qui met plus de cent soixante quatre ans à tourner autour du soleil. M. Lassell, de Liverpool, reconnut le premier en 1847, au mois d’août, un satellite de Neptune, et cette découverte fut confirmée à la fois, au mois de septembre de la même année, et par M. Struve, le directeur de l’observatoire de Poulkova, et par M. Bond à Cambridge.

J’arrive maintenant à un nouvel ordre de travaux. Un dès objets qui attira le plus vivement l’attention de l’astronome américain fut l’emploi de l’électricité pour enregistrer les observations astronomiques. On sait qu’un des élémens de la position respective des astres s’évalue en notant les heures exactes auxquelles ils viennent successivement