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central, et qui, prenant leur origine à la surface du noyau, s’en détachent, s’en éloignent de plus en plus, pour être suivies par de nouvelles enveloppes semblables. Qu’on imagine un œuf d’où sortiraient constamment des coques nouvelles, capables de se gonfler, de s’agrandir, et l’on aura quelque idée d’un semblable phénomène : on peut aussi le comparer, pour s’en rendre bien compte, aux ondes circulaires qui se forment dans une eau primitivement tranquille autour d’un point où on laisse tomber une pierre. Quelquefois l’on voit des effluves ou aigrettes de matière nébuleuse brillante partir du noyau, et venir se joindre aux enveloppes en divisant ainsi les espaces annulaires alternativement plus brillans et plus obscurs en compartimens réguliers. Il n’y a plus alors seulement un détachement général de la matière cométaire, qui quitte le noyau central, comme les brouillards, après avoir longtemps rampé dans nos vallées et sur le flanc de nos montagnes, s’élèvent graduellement pour former des nuages ; mais il s’opère une sorte d’éruption locale, qui a peut-être une analogie très lointaine avec les éruptions de nos volcans et lance à une grande distance d’immenses volumes de la substance cométaire. Les effluves et les enveloppes lumineuses naissent toujours sur la face du noyau qui se présente au soleil, et du côté opposé à la queue. La matière des enveloppes nébuleuses ne s’éloigne pas d’ailleurs indéfiniment du noyau ; mais, repoussée en quelque sorte par le soleil, elle va se perdre dans la queue, qui s’agrandit ainsi continuellement à mesure que le noyau diminue.

Comparons encore un instant, comme tout à l’heure, les enveloppes concentriques dont le noyau est entouré à une série d’ondes qui se propagent dans une eau dormante, à partir d’un point d’agitation central ; dès que des ondes semblables viennent toucher au rivage, on sait qu’elles se réfléchissent, et que, revenant sur elles-mêmes, elles continuent à se mouvoir en de nouveaux sens, dans des directions et avec des formes qui dépendent de la configuration même de l’obstacle contre lequel elles sont venues se briser. Les enveloppes cométaires viennent aussi s’arrêter en quelque sorte contre un obstacle invisible ; sous l’influence d’une force inconnue, qui sans doute a son origine dans le soleil, elles sont défléchies du côté opposé à l’astre central ; à mesure qu’elles sont ainsi déformées, elles s’étendent de plus en plus, et vont se perdre dans la queue. Cet appendice singulier des comètes a été lui-même l’objet de nombreux commentaires : on s’est souvent demandé s’il était plein ou creux, s’il était formé d’une substance assez atténuée pour qu’à travers les immenses espaces qu’il embrasse nous puissions cependant apercevoir des étoiles de faible grandeur, ou si ce phénomène