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le noyau des comètes a été faite dès 1811 par Olbers et Herschel le père. Dans la comète de Donati, ce phénomène s’est reproduit sur une remarquable échelle, bien que la nébulosité du noyau fût beaucoup moins étendue que celle de la comète de 1811, et que par conséquent la région où s’engendre les enveloppes fût beaucoup plus restreinte. M. Chacornac, attaché à l’Observatoire de Paris, y observa la comète avec la grande lunette équatoriale de MM. Secrétan et Eichens, et décrivit ces enveloppes avec beaucoup de précision ; il en vit se développer successivement jusqu’à huit. Les descriptions de M. Bond sur le même sujet présentent le plus vif intérêt. « Le soir du 20 septembre 1858, la queue se bifurqua nettement à partir de son origine, et montra deux faisceaux inégaux formant les deux côtés et divisés par un espace noir derrière le noyau… Entre le noyau et le soleil s’interposa une figure obscure en forme de croissant, où la lumière était inégalement distribuée et avait une apparence étrangement confuse et chaotique. » La formation du croissant obscur était comme le signal de la séparation d’une enveloppe qui, en se détachant du noyau lumineux, laissait entre elle et lui un espace plus foncé. Le 23 septembre, voici quels changemens s’étaient opérés : « Le noyau a diminué de grandeur et n’a plus que 1,300 milles de diamètre. La lumière en est extrêmement intense. Autour du noyau est une enveloppe brillante, à 6,400 milles de distance, limitée par une bande noire. La limite d’une seconde et moins brillante enveloppe s’éloigne à 12,800 milles du noyau, et se termine par une arche foncée semblable, au dehors de laquelle est une atmosphère de nébulosité faible et diffuse, qui va en se fondant rapidement. Les contours de toutes ces enveloppes peuvent être suivis sur un arc de 220 degrés ou davantage, mais s’étendent beaucoup plus loin du côté brillant de la queue… Le 25, le noyau se présenta sous un nouvel aspect, et dans la période qui précède le dégagement d’une nouvelle enveloppe. Ceci est peut-être le premier cas où l’on a vu une enveloppe en embryon à la surface du noyau, où l’on a pu en suivre les diverses phases de développement. L’histoire d’une telle enveloppe a une valeur particulière, parce qu’elle nous ouvre un jour sur les mystérieuses actions par lesquelles la queue émane du noyau, sous l’influence stimulante de la chaleur et de la lumière solaire, ou peut-être de quelque émanation inconnue provenant de la même source. Voici quelles étaient les gradations lumineuses reconnaissables aux environs du noyau : l’axe de la queue était formé par une ligne étroite, bien dessinée, noire, allant jusqu’au corps central lui-même. Puis dans l’ordre de rapprochement du soleil venait le noyau, à la veille, pourrions-nous dire, d’une éruption. Dans les conditions d’observation