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écrivait-il à l’Académie des Sciences, me paraît encore trop indéterminée, et, à ce que je crains, elle sera infructueuse. » Si sur ce point, comme sur tant d’autres, nous sommes encore réduits à confesser notre ignorance, ce n’est qu’un motif de plus pour accueillir avec empressement des travaux semblables à ceux de M. Bond, qui, par leur précision, leur netteté consciencieuse, sont si propres à fournir des bases sûres aux investigations de la science spéculative. Ce que nous pouvons pourtant, dès aujourd’hui, conclure avec certitude de l’ensemble des observations astronomiques, c’est que la gravitation universelle n’est qu’une des forces qui président dans l’univers aux mouvemens de ces corps, en nombre infini, qui le parcourent en tout sens. Des forces d’une autre nature s’y révèlent à nous. Nous savons déjà que le soleil est un immense aimant, qui règle les forces magnétiques des planètes et des satellites. Si la chaleur solaire n’exerce aucune action sensible sur les mouvemens de ces corps, en est-il de même pour les astres chevelus qui parcourent notre système sur des orbites très allongées, et viennent de temps à autre, en s’incendiant auprès du soleil, nous donner un spectacle qui de tout temps a fortement frappé l’imagination des peuples ? Singulière destinée que celle de ces corps errans qui tantôt viennent se dissoudre auprès de l’ardent foyer solaire, à des températures dont rien autour de nous ne peut nous donner une idée même approximative, tantôt vont perdre tout reste de chaleur dans les profondeurs glacées du vide interplanétaire ! La chaleur, le magnétisme, les mêmes forces que nous voyons agir sur la terre, règnent dans l’univers entier, et le domaine de l’astronomie, qui jadis ne semblait dépendre de celui de la physique ordinaire que par les phénomènes optiques, s’y rattache aujourd’hui par une foule d’autres points.

Dans l’énumération de tous les travaux que l’on doit, déjà aux astronomes de Cambridge, j’ai nécessairement laissé de côté tout ce qui n’est qu’observation ordinaire : je ne me suis arrêté qu’aux découvertes, aux perfectionnemens dans les méthodes, aux observations d’une importance capitale. Si l’on met cet ensemble de résultats, dont les uns enrichissent l’astronomie théorique, les autres l’astronomie pratique, en regard de ceux que nos observatoires européens les plus éminens ont fournis pendant la même période, on sera forcé d’avouer que l’observatoire de Cambridge n’a rien à perdre à cette comparaison. J’en ai dit assez pour montrer quelle place éminente les travaux de MM. Bond ont value à l’observatoire de l’université de Harvard. Après eux, les astronomes les plus connus aux États-Unis sont M. Mitchell, le directeur de l’observatoire de Cincinnati, et une femme dont le nom est presque identique, miss Michell, qui descend du célèbre Benjamin Franklin, et qui tout récemment