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Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 25.djvu/248

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REVUE DES DEUX MONDES.

cune subtilité dans la diplomatie ; il restait simplement un homme sincère et franc. C’est en remplissant la patriotique mission de défendre les intérêts de son pays qu’il est mort en Angleterre, surpris par un mal inattendu, et au moment d’expirer il recommandait encore à son jeune secrétaire de persévérer dans les sentimens qu’il lui avait inspirés.

Le marquis de Lajatico est donc mort comme il avait vécu, en patriote honnête, sincère, quoique toujours modéré, et il a mérité que ses restes, rapportés à Florence, fussent déposés dans l’église de Santa-Croce, à côté de ceux des plus illustres citoyens toscans. Il y a pourtant dans une telle vie une moralité qui tourne au profit de l’Italie, et qui est après tout une lumière en politique. Lorsque ces dévouemens intelligens, éclairés, fidèles jusqu’au bout, ne peuvent sauver une famille de princes, lorsqu’une incompatibilité radicale, absolue, fondée sur une antipathie de nationalité, éclate périodiquement, et dans les heures les plus décisives, entre une maison régnante et un pays, c’est que les déchéances sont irrévocables, et que les destinées sont accomplies. On veut y voir une œuvre de révolution, et ce n’est que le triste fruit de fautes accumulées.

Ch. de Mazade.


POESIES


LA BALLADE DU DESESPERE.


Qui frappe à ma porte à cette heure ?
— Ouvre, c’est moi. — Quel est ton nom ?
On n’entre pas dans ma demeure
À minuit ainsi, sans façon.

— Ouvre. — Ton nom ? — La neige tombe,
Ouvre. — Ton nom ? — Vite, ouvre-moi !
— Quel est ton nom ? — Ah ! dans sa tombe
Un cadavre n’a pas plus froid.

J’ai marché toute la journée
De l’ouest à l’est, du sud au nord.
À l’angle de ta cheminée
Laisse-moi m’asseoir. — Pas encor !

Quel est ton nom ? — Je suis la gloire,
Je mène à l’immortalité.