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Quoi qu’il en soit, le titre de baronet, que Hamilton porta pendant une grande partie de sa vie, avait dormi un temps, suivant l’expression consacrée, lorsqu’il justifia de son droit à le reprendre, en se faisant reconnaître pour le vingt-quatrième héritier par les mâles de sir John Fitz-Gilbert de Hamilton de Rossavon et Fingalton, qui florissait vers 1330, et qui fut le second fils de l’auteur de la maison de Hamilton. On montre encore près du champ de bataille de Prestonpan les mines du manoir féodal qui donna son nom au premier baronet créé en 1673. Le dernier a laissé un autre monument, qui n’est pas en ruines, et qui s’appelle la philosophie du conditionnel.

Ainsi le dernier grand métaphysicien de l’Ecosse est de la famille de l’auteur des Mémoires du chevalier de Gramont, et l’on pourra se demander aussi, des systèmes métaphysiques avenir, s’ils sont

Comme en fait Hamilton, comme en fait la nature.


Mais avant de se parer des souvenirs héraldiques des Hamilton de Preston, le nôtre était le descendant d’une famille de médecins. Son aïeul et son père avaient été avec quelque réputation professeurs d’anatomie et de botanique à l’université de Glasgow. L’un d’eux avait assisté le célèbre docteur Cullen dans la fondation de l’école médicale de cette ville, et c’est peut-être à ce souvenir que nous devons une dissertation assez curieuse de Hamilton sur les révolutions de la médecine. Ayant perdu son père de bonne heure, il fut placé, suivant l’usage, auprès d’un ministre de l’Évangile. Le docteur Mid-Cader, qui vécut assez pour connaître dans leur maturité les talens de son élève, les avait pressentis de bonne heure, et dans une lettre qu’on a conservée, il se plaît à attester la pénétration et la force d’esprit ainsi que le caractère mâle et franc du jeune William, qui justifia toutes ses espérances par de notables succès à l’université de Glasgow, particulièrement dans les classes de philosophie, dont il remporta tous les premiers prix. Les mêmes succès l’attendaient au collège de Balliol de l’université d’Oxford, ou plutôt il s’y distingua d’une manière inaccoutumée en se soumettant de lui-même à des épreuves qui ne seront pas souvent renouvelées. Le fait mérite d’être raconté comme anecdote dans l’histoire de l’enseignement et de la philosophie. C’était en 1809 : on venait d’introduire un nouveau système d’examen ; on obligeait les candidats, pour ce qu’on appelle les honneurs académiques, à professer et à répondre sur un certain nombre d’ouvrages d’histoire, de poésie et de science ; les élèves les choisissaient eux-mêmes, et l’on n’exigeait pas qu’ils en multipliassent le nombre outre mesure. On pensait qu’il valait mieux prouver une connaissance approfondie