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sommes extraordinaires figurant pour la première fois au budget de 1855, telles que la vente des chemins de fer, et qui constituent un capital d’environ 175 millions de francs. De 1858 à 1859, la proportion est bien autrement élevée : en 1858, le total de la dette ne s’élevait qu’à 2,207,000,000 fl. ; en 1859, on le trouve, a-t-on dit, à 2,605,000,000, soit près de 400 millions de florins en plus. Et encore n’est-ce point la somme exacte des sacrifices imposés aux sujets de l’empire pour la guerre d’Italie, puisqu’aux surcharges de la dette il faut ajouter les surélévations d’impôts. Les 7 et 13 mai 1859, des décrets impériaux ont augmenté d’un sixième, soit de 17 millions 1/2 de florins, les impôts directs (impôt foncier, ceux des maisons, des classes industrielles et du revenu), et demandé 20 millions 1/2 à peu près aux impôts indirects (ceux de consommation, du sel, douanes, timbres, enregistrement, impôts sur la consommation du vin et de la viande dans les campagnes). Comme ces augmentations viennent d’être prorogées pour une seconde année, c’est un total de 80 millions de florins à ajouter aux charges de la guerre. N’oublions pas non plus de rappeler qu’il a été enjoint aux payeurs des coupons semestriels de la dette nationale de retenir un cinquième sur le montant des semestres. Ainsi, de 1855 à 1859, trois années de paix se sont soldées par un déficit de 400 millions de francs, compensé en partie par le produit de ressources extraordinaires, et une année de guerre a entraîné un sacrifice, dette et impôt compris, de plus du double, atténué aussi par les 100 millions obtenus du Piémont, et que la France a avancés. Il importe cependant de faire observer, pour ne pas grossir les chiffres par de doubles emplois, que toutes les ressources préparées pour la guerre n’ont pas encore été dépensées. Sans parler des surtaxes applicables à l’exercice 1860, l’emprunt anglais n’a pas été entièrement souscrit, et les titres demeurent pour partie dans les caisses de la banque de Vienne. Le total néanmoins est inscrit au passif de l’état.

Quelle peut être dans de pareilles circonstances la situation du gouvernement vis-à-vis de la banque, c’est ce qu’il est utile d’examiner. Dans le travail qui sert de point de comparaison avec ces nouvelles recherches, on avait reconnu qu’en 1855 le gouvernement ne se trouvait plus débiteur envers la banque que de 84 millions de florins pour retrait de papier émis, mais qu’il venait de contracter vis-à-vis d’elle une nouvelle obligation de 155 millions de florins, avancés pour subvenir aux besoins de la guerre d’Orient et au déficit des budgets, en lui abandonnant pour garantie une partie des domaines de l’empire. À la fin de cette même année 1855, la banque n’avait pu se procurer sur cette ressource qu’un peu moins de 9 millions. Au mois de décembre 1858, le gouvernement, pressé par les