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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 avril 1860.

Il n’est point vrai que l’oisiveté soit toujours la mère de tous tes vices. Sur ce grand marché public de la politique européenne qui se tient à Westminster, il y a chômage depuis douze jours, et comme l’influence des vacances anglaises de Pâques s’étend à peu près partout où la politique combine des plans, négocie des affaires, agite des hommes, pendant que lords, commoners et ministres de la reine goûtent leur courte villégiature de printemps, on prend quelque repos ailleurs. Dans cette accalmie, qui va trop tôt cesser, je ne sais quelle sève légère de confiance a paru monter au cerveau des observateurs anxieux de la politique.

Nul ne l’ignore, la grande question du jour est la question suisse. L’importance de cette question ne tient point à la vivacité que les Suisses ont apportée dans leurs réclamations contre l’annexion de la Savoie. Nous qui prêchons la charité universelle en matière de politique internationale, nous n’accueillerions pas assurément avec une insouciance dédaigneuse un démêlé qui nous mettrait aux prises avec la Suisse, même isolée. Si pourtant nous n’avions devant nous que la Suisse, un tel démêlé ne s’élèverait point, nous en convenons, aux proportions d’une difficulté de premier ordre ; mais ici la Suisse est moralement appuyée par l’Angleterre, et la Suisse a témoigné la volonté de saisir l’aréopage des grandes puissances européennes d’une question que le gouvernement français avait entendu régler et conclure en tête à tête avec le roi de Sardaigne et avec les populations savoisiennes. De là au premier moment semblait devoir naître sur le terrain fourni par la Suisse une lutte d’influence entre le gouvernement français et le cabinet britannique. Dans les dernières séances de la chambre des communes, dans les dernières dépêches du foreign office livrées à la pu-