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d’abord ralenties, puis neutralisées par une série de circonstances qui lui échappaient entièrement, et devaient le tenir en échec en multipliant les difficultés autour de lui.

Tant que Miramon avait été à l’armée du nord, il avait battu les constitutionnels dans toutes les rencontres et avait créé un semblant de pacification. En son absence, les constitutionnels retrouvèrent leur activité et leur audace ; ils se réunirent dans l’intérieur au nombre de sept ou huit mille hommes sous les ordres de don Santos Degollado, qui prit le titre de ministre de la guerre, s’emparèrent par surprise de la ville de Guanajuato et marchèrent sur Mexico. Cette armée, pillant et dévastant tout sur son passage, arriva le 21 mars à Tacubaya, aux portes de la capitale. Mexico se trouvait en état de siège et sous le coup d’un assaut toujours possible. Le 1er avril, les constitutionnels tentèrent l’attaque par la porte de San-Cosme ; ils furent repoussés, mais ils restaient encore menaçans à Tacubaya. Sur ces entrefaites, un des lieutenans les plus énergiques de Miramon, le général Leonardo Marquez, arriva avec des forces nouvelles, se mit immédiatement à la poursuite des fédéraux et les chassa vigoureusement au loin. Enfin Miramon se porta lui-même au secours de la capitale, obligé de se détourner ainsi de son expédition de la Vera-Cruz.

Un incident d’un ordre différent vint d’autre part modifier un peu les chances des partis en lutte en donnant un certain crédit, une sorte d’authenticité internationale, au gouvernement de M. Juarez et de ses adhérens. Jusque-là, le gouvernement de Mexico avait eu l’avantage d’être seul reconnu par les états étrangers. L’agent même des États-Unis, M. Forsyth, était resté accrédité auprès du général Zuloaga, Dès les premiers mois de 1859 cependant, on apprit que le cabinet de Washington se disposait à changer de politique vis-à-vis de la république mexicaine : effectivement M. Forsyth était remplacé par un nouvel envoyé, M. Mac-Lane, qui reconnaissait bientôt M. Juarez. Comment s’expliquait cette évolution ? Le voici : aussitôt après l’avènement de Zuloaga, M. Forsyth avait songé à tirer parti des circonstances et des embarras d’un pouvoir naissant, encore mal affermi, pour assurer quelque nouveau gage à l’invariable ambition de l’Union américaine. Il avait proposé un traité assurant aux États-Unis une cession de territoire déguisée sous forme d’une rectification de la frontière du nord, un droit de passage à perpétuité par l’isthme de Tehuantepec, le tout moyennant compensation pécuniaire pour le Mexique. Le cabinet du général Zuloaga s’était nettement refusé à une telle négociation, présentée comme une offre de secours, comme un acte de générosité des États-Unis. Dès ce moment, M. Forsyth avait manifesté une très médiocre sympathie pour le gouvernement de Mexico. Il redoublait