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Cinco de marzo et Convencion, garantit aux officiers la conservation de leurs grades. Les oligarques employèrent sans doute pour gagner cette troupe de meilleurs argumens que leurs adversaires, car le lendemain le général Aguado, qui avait proclamé la fédération à La Guayra, et qui accourait avec 300 hommes pour soutenir le mouvement libéral de Caracas, fut reçu à coups de fusil par ceux-là mêmes qu’on croyait ralliés à la situation nouvelle. Le combat s’engagea aussitôt dans les rues entre les insurgés fédéralistes et les partisans des oligarques, qui prétendaient défendre la constitution et le gouvernement légal. La victoire échut à ceux-ci, le gouvernement provisoire disparut, et Aguado fut obligé de reprendre en désordre le chemin de La Guayra avec ce qui lui restait de son monde. Maîtres du champ de bataille, les vainqueurs songèrent aussitôt à organiser leur victoire, et comme le vice-président de la république, M. Manuel Felipe Tovar, ne se présentait pas, ce fut le troisième fonctionnaire, indiqué par la constitution sous le titre de designado, le docteur Pedro Gual, qui se chargea du pouvoir exécutif. Du général Castro il ne fut plus question ; il disparaissait tristement, ayant montré toujours aussi peu de résolution que de capacité dans cette série d’événemens qu’il n’avait su ni diriger ni empêcher.

Ce n’était pas tout cependant de vaincre dans un combat. Quelque légal et constitutionnel que prétendît être le gouvernement demeuré le maître de Caracas, il ne pouvait se dissimuler que sa situation était extrêmement précaire et que la révolution était partout. La Guayra restait au pouvoir des fédéraux. Le général Falcon disposait de près de 3,000 hommes, avec lesquels il errait autour de Valencia et allait menacer Barcelone. Sotillo était devant Maturin. Sur tous les points il y avait des bandes insurgées. La capitale elle-même était presque bloquée, et l’autorité oligarque n’était reconnue que dans un rayon très restreint. Le gouvernement de Caracas ne se découragea pas toutefois. Il réunit un petit corps d’armée qui parvint à reprendre possession de La Guayra, défendue par le général Aguado. Ce coup de main heureux n’était pas seulement un succès militaire et politique : il avait un important effet financier, en rendant au gouvernement de Caracas une des principales douanes de la république, — et en Amérique, on le sait, qui met la main sur une ville de douane a toujours le pouvoir de soutenir la guerre civile. Ce premier avantage était d’ailleurs suivi bientôt d’une série d’autres succès obtenus, par les troupes du gouvernement. La révolution, après avoir été tout près de triompher au mois d’août 1859, a paru depuis être tout à fait en déclin. Il n’est pas dit pourtant qu’elle ne retrouvera pas l’avantage, et que la fortune des Monagas ne se relèvera