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disséminés se manifeste ici surtout dans le costume. Ils ont adopté celui des montagnards comme laissant aux mouvemens du corps toute leur action et leur souplesse, et ils le portent avec tant d’aisance qu’il est impossible à première vue de distinguer le Cosaque du Tcherkesse. L’uniforme des Cosaques de la Mer-Noire est la tunique circassienne (tchekmen) bleue, ouverte sur la poitrine, où elle laisse apercevoir une tunique de dessous (beschmet) de couleur rouge. Sur la ligne du Kouban, les régimens à cheval ont la tunique noire fermée sur le devant ; les fantassins et l’artillerie portent le tchekmen bleu et le beschmet d’une nuance distinctive pour chaque brigade ; c’est l’uniforme de parade avec épaulettes pour les officiers. La petite tenue consiste dans le tchekmen feuille morte, qui est la couleur habituelle des Tcherkesses. Les régimens du flanc gauche se distinguent par le tchekmen de couleur cannelle. Les armes sont la schaschka (sabre droit des montagnards à poignée sans garde), suspendue à une mince bride de cuir, et le kindjal (poignard). À la ceinture sont attachées la petite boîte à graisse pour l’entretien du fusil rayé et l’overtka, tournevis ingénieux en façon de poignée à jour pour démonter et nettoyer toutes les pièces de l’arme. Dans une poche de cuir placée sur le côté est renfermé le pistolet. Le fusil est le même que celui des montagnards, à canon rayé. Chaque homme est pourvu de quarante-deux cartouches.

La discipline est très rigoureuse, et pourtant les punitions, sont rares. Elles sont infligées en présence de toute la stanitsa, avec les anciens en tête, et consignées dans l’état de services de chaque homme, ainsi que sur le registre du régiment. Dans chaque stanitsa, il y a une école où la langue russe et l’arithmétique sont enseignées par un maître qui est Cosaque lui-même. L’instruction religieuse est donnée par le prêtre. Les fils de familles riches vont étudier au gymnase de Stavropol, et les fils de prêtres, destinés inévitablement à exercer à leur tour les fonctions sacerdotales, au séminaire de la même ville.

Chez un peuple militaire comme les Cosaques, tout dans l’éducation des jeunes gens, — l’instruction, la vie de famille, les jeux, — converge vers un même but, celui de les préparer à l’existence guerrière à laquelle ils sont voués. La djiguitofka, leur divertissement favori, est une suite d’évolutions et de passes à cheval où l’attaque et la défense sont simulées. Les jeunes Cosaques se livrent à cet exercice en présence de leurs parens et de toute la population de la stanitsa avec une ardeur que redoublent les applaudissement. Ces jeux, accompagnés de danses, de rondes et de chants en chœur, ont lieu principalement au carnaval, sur la grande place, en vue de l’église.