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Manuel à l’usage des jeunes peintres. M. Taylor, analysant cet ouvrage, y loue principalement l’absence de tout esprit de système et de toute prétention à épuiser le sujet traité. « C’est, plutôt qu’un traité, ajoute-t-il, un recueil d’observations bien faites, sous divers titres de chapitres qui traitent successivement de l’imitation de la nature, du style, — de l’imitation des œuvres d’art, — de la distinction à faire entre les lois et les règles, — de la classification, — de l’enseignement spontané, — du génie, de l’imagination et du goût, — de l’idéal et de la beauté dans la forme, — du dessin, — de l’invention et de l’expression, — de la composition, — de la couleur et du clair-obscur, — des cartons de Raphaël, — des peintres flamands et hollandais au XVIIe siècle, — du paysage et des portraits. »

Les grands succès officiels de Leslie datent de 1838. Ce fut en cette année, mémorable pour lui, qu’il fut chargé de peindre la Communion de la Reine après le Couronnement. L’amitié protectrice de lady Holland lui valut cette mission.


« Dans l’été de 1838, nous dit-il, lady Holland me fit prier d’aller déjeuner chez elle, ayant quelque chose à me dire. C’était pour m’apprendre que la reine avait désiré voir le portrait de lord Holland. « J’ai pensé, ajouta lady Holland, qu’elle serait charmée de voir le peintre en même temps que le tableau, et lord Melbourne vient de m’écrire que vous serez reçu demain à deux heures. » Je vis avec quelle adresse lady Holland avait su faire tourner à mon profit le désir de sa majesté. L’avenir devait me montrer encore mieux tout ce qu’elle avait fait pour moi dans cette circonstance…

« Sans que je l’eusse demandé, sans que je m’y attendisse, je reçus, toujours par l’intermédiaire de lady Holland, un billet pour assister, dans la loge du lord-maréchal, aux cérémonies du couronnement. Comme membre de l’académie, j’avais un autre billet pour je ne sais quelle autre partie de l’abbaye, ce qui permit à ma femme de voir cette magnifique solennité. Nous partîmes ensemble, à quatre heures du matin, pour Westminster. Pour la première et la dernière fois de ma vie je portai un costume de cour. Ma femme était en grande toilette du soir, et il nous sembla passablement original de nous trouver à pied, courant les rues, à cette heure du jour, dans cet étrange appareil. Il fallut mettre pied à terre en effet dans le voisinage de l’abbaye, pour ne pas perdre de temps. Ce qui nous consola, ce fut de voir une longue procession de ladies et de gentlemen, pour la plupart bien mieux vêtus encore que nous ne l’étions, et piétinant comme nous sur le pavé.

« Le spectacle de cette imposante cérémonie valait bien qu’on se dérangeât ; mais je restai bien décidé, si jamais un autre couronnement avait lieu de mon vivant, à ne pas m’endimancher, me lever à trois heures du matin et rester dans Westminster jusqu’à quatre heures de l’après-midi pour assister à la fête.

« Ceci me conduisit cependant à peindre la reine, etc. »