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l’on veuille améliorer le régime actuel. Jusqu’à nouvel ordre, les communes devront se contenter des ressources présentes ; or ces ressources sont certainement insuffisantes dans le Bocage. Dans certaines communes, le seul entretien du petit nombre de chemins qui existent suffit pour absorber tous les fonds disponibles. Distribuer aux départemens des fonds que les préfets seraient chargés de répartir entre les communes suivant leurs besoins, ce ne serait qu’une mesure illusoire pour beaucoup d’entre elles. Les plus voisines du chef-lieu, les mieux appuyées, auraient la meilleure part : nous en avons vu des exemples. Puis où prendre ces fonds ? Du budget de quel ministère les soustraire pour ces obscurs et utiles travaux ? Nos finances, hélas ! ne présentent pas d’excédant. Il y aurait mieux à faire. La création de centimes additionnels spéciaux dont la quotité serait fixée chaque année par les conseils municipaux fournirait un moyen d’atteindre le but. Il faudrait laisser aux conseils municipaux une grande latitude pour le chiffre à voter annuellement. Il n’est pas à craindre que les habitans des campagnes s’imposent d’une manière démesurée, et d’un autre côté ils comprennent partout assez bien leurs intérêts véritables pour voter les dépenses nécessaires. Notre conviction à cet égard est d’autant plus grande que nous avons en vue une population qui passait, non sans quelque raison, pour l’une des plus arriérées de France. Quant au mode d’exécution des travaux qui se font conjointement sous la direction des maires et des agens voyers, il n’y aurait rien à y changer ; les agens, quels qu’ils soient, seront obligés de bien faire un travail que chaque habitant surveillera d’un œil jaloux. Les maires pourraient, une fois assurés de ressources pour l’avenir, présenter à l’approbation de l’administration centrale un projet de réseau de chemins pour leurs communes et fixer équitablement l’ordre dans lequel les travaux seraient entrepris. Les intérêts divers, sûrs d’être satisfaits un jour ou l’autre, seraient plus patiens, et ces intérêts vont devenir plus exigeans, si le passage d’un chemin de fer à travers le Bocage leur donne plus d’importance.

Parmi les lignes à la charge de la compagnie du chemin de fer d’Orléans qui viennent d’être mises récemment à l’enquête, plusieurs intéressent le Bocage. Une seule de ces lignes est concédée à titre définitif, celle de Nantes à Napoléon-Vendée. Elle fait partie d’un système de chemin de fer de ceinture qui doit suivre nos côtes ; mais elle est d’un intérêt médiocre pour le Bocage, dont elle ne touche qu’une des extrémités. Une autre, concédée à titre éventuel, celle d’Angers à Niort, a son parcours direct compris presque tout entier dans le Bocage. Le passage du chemin de fer par Cholet est en dehors de toute discussion ; cette ville est un centre commercial important, c’est le grand marché, du pays. C’est donc seulement sur le tracé de Cholet à Niort que la lutte s’établira. Si l’on considère en groupe tous les intérêts agricoles du Bocage, ils réclament une voie ferrée qui suive dans le pays une ligne sensiblement centrale, qui permette à chaque localité d’écouler facilement ses produits, et d’avoir en même temps à proximité un dépôt d’engrais et d’amendemens, Si cette ligne peut aussi desservir la plupart