Page:Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 32.djvu/525

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

VALVÈDRE


SECONDE PARTIE.[1].


II

Sans fortune et sans aïeux, Alida avait été choisie par Valvèdre. L’avait-il aimée ? L’aimait-il encore ? Personne ne le savait ; mais personne n’était fondé à croire que l’amour n’eût pas dirigé son choix, puisqu’Alida n’avait d’autre richesse que sa beauté. Pendant les premières années, ce couple avait été inséparable. Il est vrai que peu à peu, depuis cinq ou six ans, Valvèdre avait repris sa vie d’exploration et de voyages, mais sans paraître délaisser sa compagne et sans cesser de l’entourer de soins, de luxe, d’égards et de condescendances. Il était faux, selon Obernay, qu’il la retînt prisonnière dans sa villa, ni que Mlle Juste de Valvèdre, l’aînée de ses belles-sœurs, fût une duègne chargée de l’opprimer. Mlle Juste était au contraire une personne du plus grand mérite, chargée de l’éducation première des enfans et de la gouverne de la maison, soins auxquels Alida elle-même se déclarait impropre. Paule avait été élevée par sa sœur aînée. Toutes trois vivaient donc à leur guise : Paule soumise par goût et par devoir à sa sœur Juste, Alida complétement indépendante de l’une et de l’autre.

Quant aux aventures qu’on lui prêtait, Obernay n’y croyait réellement pas ; du moins aucune liaison exclusive n’avait pris une place

  1. Voyez la livraison du 15 mars 1861