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adolescente a inauguré la neuvième année de sa carrière dans la salle de M. Herz le 20 janvier 1861. Après la symphonie en ut majeur de Mozart, on a exécuté pour la première fois l’ouverture d’Ossian, de M. Gade, compositeur suédois, qui a fait ses études en Allemagne, où il est très connu. Cette ouverture m’a paru longue, d’un style diffus et sans caractère. Au second concert, on a exécuté l’ouverture du Vampire, opéra d’un compositeur de mérite, M. Marschner ; puis on a fait entendre la marche des fiançailles, avec chœur, du Lohengrin, de M. Richard Wagner, morceau intéressant dont nous avons parlé avec éloge l’année dernière. Au troisième concert, M. Pasdeloup a fait exécuter une symphonie en si bémol de Robert Schumann, dont j’ai bien de la peine à saisir le génie nébuleux et maladif. Je n’ai pu goûter de cette symphonie obscure que le second épisode, dont le motif, sans être bien original, a le mérite pourtant de n’être pas trop ressassé. L’Étoile du Soir, mélodie du Tannhäuser de M. Richard Wagner, a été chantée ensuite avec goût par M. Gourdin, élève du Conservatoire. Au sixième et dernier concert des Jeunes Artistes, qui a eu lieu le 14 avril, le programme contenait une ouverture inédite de M. Constantin, un des musiciens de l’orchestre, où il y a un certain talent, puis on a chanté un chœur de chasseurs de M. Gounod, qui ne renferme rien de nouveau, et la séance s’est terminée par des fragmens du Songe d’une Nuit d’été de Mendelssohn, dont nous n’avons pas besoin de faire l’éloge. Composée d’élémens qui se renouvellent presque chaque année, la Société des Jeunes Artistes ne peut pas prétendre à une exécution aussi parfaite que celle qui résulte de la longue expérience de la Société des Concerts. Plus jeune, plus ardente et moins exclusive dans le choix des morceaux qui entrent dans ses programmes, la société que dirige M. Pasdeloup est une avant-garde qui déblaie la route, essaie des compositeurs et des artistes nouveaux, propage la connaissance des chefs-d’œuvre dans un monde différent, forme des musiciens et rend à l’art de véritables services.

Les séances de musique de chambre de MM. Alard et Franchomme, dans la salle Pleyel, sont toujours suivies par un public d’élite. C’est la meilleure exécution de quatuor qu’on puisse entendre à Paris. A. la seconde matinée, qui s’est donnée le 3 janvier, on a exécuté le quatuor en ré majeur d’Haydn, celui en si bémol de Beethoven, et le quatuor en mi bémol de Mozart. Le second numéro du programme était rempli par la sonate en la, pour piano et violoncelle, de Beethoven, qui a été rendue avec une grande délicatesse par MM. Franchomme et Diémer, jeune pianiste de talent. Fondées depuis quatorze ans, les séances de MM. Alard et Franchomme sont à la musique de chambre ce que la Société des Concerts est à la symphonie, avec cet avantage que MM. Alard et Franchomme n’ouvrent leurs programmes qu’à des chefs-d’œuvre connus.

La Société des Quatuors de MM. Maurin et Chevillard est plus vaillante et plus osée. Vouée dès son origine à l’interprétation des derniers quatuors de