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LA
QUESTION ROMAINE

PREMIERE PARTIE.

I.

Nous espérons que personne ne sera surpris de notre aveu si nous disons que ce n’est point sans une sorte de tremblement que nous approchons d’une question aussi grande que la question romaine. Toutes les révolutions sont une cause d’angoisse pour ceux qui sont appelés à s’y associer par un acte de leur pensée. Il y a quelque chose de douloureux et de redoutable à vouloir arracher leur secret à ces sphinx que les vicissitudes humaines font sans cesse renaître. Combien le doute, l’hésitation, les scrupules, ne sont-ils point plus naturels au milieu d’une révolution qui, bien que suivant notre conviction profonde elle ne doive que modifier la forme temporelle de la papauté, s’attaque pourtant à une des formes les plus anciennes, les plus achevées du christianisme, et renverse l’œuvre des siècles en portant l’alarme dans les consciences !

Il faut surmonter sans doute cette timidité, qu’on pourrait dire religieuse : il faut la vaincre dans l’intérêt des consciences troublées par la nouveauté et par la grandeur du problème. Ce problème, les événemens l’ont mis à l’étude et en pressent la solution en dépit des volontés humaines. Croirait-on qu’il fût habile, sage, honnête même, oserais-je dire, de laisser écouler le torrent des faits en s’entêtant dans une immobilité fataliste ? De quoi ont servi les protestations chagrines à ceux qui depuis trois années se sont mis à la queue des événemens ? Les esprits éclairés qui croient défendre les