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LE
PROBLÈME DE L’ÂME
DEVANT LA MÉTAPHYSIQUE ET LA SCIENCE

I. La Vie dans l’homme, par M. J. Tissot, 1861. — II. Tableaux de la vie animale, par M. Ch. Vogt. — III. Le Cercle de la vie, par M. Molesthott, — IV. Force et Matière, par M. L. Büchner. — V. Le Monde en tant que volonté et représentation, par M. Schopenhauer. — VI. Anthropologie, par M. Hermann Fichte. — VII. Nature et Idée, par M. Carus.

Depuis quelques années, la science analyse avec plus de rigueur qu’on ne pouvait le faire autrefois les rapports qui unissent le monde inorganique au monde organisé. Elle a démontré que la substance des êtres vivans ne diffère pas de celle des corps inertes et insensibles : la vie prend ses matériaux dans le monde physique sans en altérer les propriétés fondamentales, et la mort les rend intacts à ce gouffre de la substance matérielle, d’où ils ont été tirés un moment pour revêtir des formes éphémères. La science a fait un pas de plus : elle ne s’est pas contentée de prouver l’identité permanente et essentielle des corps simples répandus dans le règne inorganique et le règne organisé ; elle a réussi à recomposer de toutes pièces, sinon l’être vivant, au moins les parties constituantes des organismes ; elle ne fait ni une fleur, ni un fruit, ni un muscle, mais elle fabrique les principes chimiques que nous pouvons en extraire. Ira-t-elle jamais plus loin ? pourra-t-elle quelque jour disposer des forces mystérieuses qui unissent ces principes pour en faire de véritables organismes et rattacher ces organismes entre eux pour les faire concourir à une action commune et individuelle ? Il est permis d’en douter, et il faut même quelque audace pour poser une semblable ques-