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voilà la forme générale du temple qui, maintenu dans ces conditions, doit, architectoniquement parlant, être appelé une basilique, et l’on ne saurait croire combien cette disposition, quand les proportions sont heureuses et la décoration convenable, répond en effet à la destination religieuse de l’édifice. La difficulté d’art qu’elle me semble présenter, c’est qu’ordinairement le bâtiment principal et central est très haut et paraît un peu étroit; la nef est fort élevée par rapport à ses bas côtés. Il y a donc dans la partie de son élévation intérieure, au-dessus des arceaux, de grandes surfaces de maçonnerie, ordinairement plates, dans lesquelles il faut pratiquer des fenêtres, et au plafond le dessin triangulaire d’une simple charpente qui n’a rien de monumental. Outre un certain défaut de proportion qui résulte de cet arrangement, il n’est pas aisé d’orner convenablement cette cage supérieure, cet espace vide, clair et nu. On dirait de l’église centrale une salle sans plafond et au-dessus de laquelle on verrait le grenier. Il y a plus d’une basilique où rien n’a été tenté pour vaincre cette difficulté, et l’on a laissé les choses comme le matériel de la construction les avait faites. Dans d’autres, on a essayé de moyens de dissimulation, ou d’atténuation qui ont plus ou moins réussi. Par exemple, on a remplacé la muraille pleine par un second étage de pieds-droits et d’arcades qui a pris le nom de triforium. Plus souvent on a recouru à des expédiens d’ornementation. Quoique la disposition générale soit difficile à rendre irréprochable, la peinture a de grandes ressources pour en corriger les défauts. Je dis la peinture plutôt que les moulures de l’architecte ou du sculpteur. La charpente légèrement peinte me semble préférable au plafond à caissons ou à rosaces quand le toit est très élevé, elle est plus légère, et quant aux surfaces verticales, elles ne recevraient pas aisément des parties saillantes, des additions en relief, sans dénaturer l’aspect du monument.

Cette même disposition intérieure donne en façade un polygone assez bizarre, un carré superposé à un carré plus grand, ou un parallélogramme posant par le petit côté sur le grand côté d’un autre, et tout cela avec des proportions rarement calculées pour un bon effet extérieur. C’est du reste un point admis par les auteurs que dans les basiliques l’extérieur a presque toujours été sacrifié à l’intérieur. L’Italie généralement en a pris son parti. Seulement on s’est parfois contenté de déguiser la façade en la couvrant comme d’un écran par un placage, et rarement avec un résultat fort heureux. Hors les cas où l’on s’est résigné à laisser à peu près dans sa simplicité primitive cette façade dénuée par elle-même de tout caractère, on en a fait une toute de fantaisie, sans aucun rapport avec l’intérieur.

Faut-il ajouter que ces difficultés n’existent que lorsqu’on tient à