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LA
QUESTION ROMAINE

SECONDE PARTIE.

I.

Nous avons, dans les considérations précédemment exposées sur la question romaine[1], indiqué les altérations profondes, à notre avis contraires au génie et à l’intérêt religieux, que le principat politique possédé par la papauté a nécessairement introduites dans les conditions du gouvernement spirituel de l’église. Nous allons maintenant aborder un ordre d’idées plus pratique : le pouvoir temporel des papes, les principes dont ce pouvoir entraîne l’application, sont incompatibles avec les principes sur lesquels est assis désormais le gouvernement des sociétés européennes.

Nous n’emploierons pas pour désigner les principes des gouvernemens modernes ces mots vagues et pompeux qui perdent si vite dans la polémique déclamatoire des partis leur saveur et leur fraîcheur : nous ne parlerons pas des principes de 1789, nous n’invoquerons pas le droit nouveau. Nous nous bornerons à indiquer d’abord de grands faits, qui sont les traits caractéristiques des sociétés contemporaines ; nous dégagerons de ces faits la signification générale qui les ramène à un principe commun, et, comparant ce principe avec le pouvoir temporel de la papauté, nous verrons, sans nous laisser aller à aucune injustice envers les personnes, à aucune

  1. Revue du 15 août dernier.