Page:Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 35.djvu/9

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


LA
CAMPAGNE DE 1815

LIGNY ET LES QUATRE-BRAS.

SECONDE PARTIE.[1]

I. — OUVERTURE DE LA CAMPAGNE. — PASSAGE DE LA SAMBRE.

Selon l’usage, une proclamation de Napoléon ouvre la campagne. Tout ce qui peut enflammer une armée est rassemblé en quelques lignes : le ressentiment contre les injures des Prussiens, le souvenir des pontons anglais. Et ce n’était pas seulement aux Français que de telles paroles étaient adressées, c’était aux Belges, aux Hollandais, aux Hanovriens, aux soldats de la confédération du Rhin, à tous ceux qui, par force, par lassitude ou par choix, avaient grossi les rangs de la coalition. Un seul mot avait été oublié, celui dont l’ennemi s’était armé contre nous, la liberté ; mais qui pouvait s’en plaindre ou s’en préoccuper, quand on arrivait à ces dernières paroles : « Pour tout Français qui a du cœur, le moment est venu de vaincre ou de périr ? »

Ainsi c’est à une lutte désespérée qu’il faut se préparer. Voilà par où la guerre se distingue des précédentes : il ne s’agit plus de gloire ou de puissance, mais du salut de tous.

Le 14 juin au soir, l’armée française, partagée en cinq corps, était réunie, à l’insu de l’ennemi, derrière la Sambre. Elle venait, à marches forcées, de Paris, de Mézières, de Metz, de Laon, et se trou-

  1. Voyez la livraison du 15 août.