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du sol, on peut, au moyen de sondages opérés à une faible profondeur, en reconnaître la présence sous l’épaisseur de la couche habituellement atteinte par la charrue.

Les résultats déjà obtenus en 1845 dans la Grande-Bretagne avaient permis d’observer que le drainage, en diminuant divers effets de l’humidité, rend certaines régions plus salubres, et qu’en élevant la température moyenne par la substitution même de l’écoulement souterrain à l’évaporation superficielle, il hâte les progrès de la végétation et la maturité des grains. À ces effets se joint l’action remarquable des argiles, qui, retenant les composés salins et ammoniacaux des eaux qui les traversent, cèdent plus tard à la végétation ces engrais solubles. Depuis l’époque où en 1850 M. Way démontrait expérimentalement la fixation des sels ammoniacaux et alcalins dans les argiles, les expériences de M. Barrai, puis celles de MM. Cloëtz, Mangon et Millon, ont mis en lumière deux résultats des plus importans : 1° par suite du drainage et sous l’influence de la température moyenne plus élevée de l’air introduit dans le sol et des eaux infiltrées, les matières organiques altérables se décomposent et forment de l’ammoniaque et de l’acide azotique que les plantes peuvent absorber ; 2° en raison de la porosité du sol, l’azote de l’air atmosphérique, introduit par les conduites souterraines, peut en partie s’unir à l’oxygène, former de l’acide azotique et du carbonate d’ammoniaque où les tissus des végétaux puisent une partie de leur alimentation, qui ne coûte rien au cultivateur.

Une fois l’utilité du drainage démontrée, quelles étaient les conditions les plus favorables à l’emploi du nouveau procédé agricole ? En ce qui regarde la forme des tubes, on avait admis généralement en Angleterre que des conduits cylindriques à section circulaire, posés bout à bout au fond des rigoles, étaient plus économiques que des tubes à section elliptique ou que les conduits primitivement en usage, formés de deux pièces : une tuile plate recouverte d’une tuile courbe. On avait aussi reconnu que, dans les terrains où des tassemens inégaux sont à craindre, il faut consolider les joints à l’aide de courts manchons également en poterie dans lesquels s’engagent les deux bouts en contact des tubes, ainsi rendus solidaires et protégés contre les déplacemens et la flexion.

Parmi les nombreuses machines inventées depuis 1850, on accorde aujourd’hui la préférence à celles qui font sortir, suivant une direction horizontale, les tubes cylindriques en argile pétrie mécaniquement, épurée en traversant une grille métallique, puis moulée à son passage dans les sections annulaires de filières spéciales. Afin d’éviter la déformation des tubes, on recommande toujours de mélanger une assez forte proportion de sable fin qui diminue le retrait