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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 décembre 1861.

Demain probablement la malle d’Amérique nous apportera le message adressé par M. Lincoln au congrès des États-Unis, qui a dû s’assembler dans les premiers jours du mois. Le langage qui sera tenu dans le message du président nous permettra de pressentir l’issue possible de ce conflit anglo-américain, qui excite depuis deux semaines tant d’appréhensions et une si vive anxiété. M. Lincoln aura publié son message à peu près au même moment où partait d’Angleterre la demande de réparation du gouvernement britannique pour l’outrage, comme disent nos voisins, commis sur le Trent par le commandant du San-Jacinto. M. Lincoln aura-t-il couvert d’une énergique approbation, dans son message, l’acte du capitaine Wilkes ? aura-t-il proclamé la légalité de la capture de MM. Mason et Slidell ? ou bien se sera-t-il servi d’expressions générales qui ne le lient d’avance à aucun parti-pris, et qui ne puissent pas l’empêcher de faire droit aux réclamations anglaises ? Telles sont les questions que l’on se pose en se demandant si c’est la guerre ou la paix qui doit sortir du conflit actuel : c’est la guerre, si M. Lincoln s’est coupé toute retraite vers des concessions honorables ; au contraire on se croit en droit de compter sur des négociations conciliantes dans le cas où le gouvernement américain n’aurait rien compromis par la teneur du message présidentiel.

Nous sommes si rapprochés de l’information officielle qui mettra fin à ce doute, qu’il semblerait oiseux de chercher à devancer par des conjectures les nouvelles qui seront reçues demain en Angleterre. Au risque pourtant d’être démentis presque sur-le-champ par ces nouvelles, nous devons constater l’impression qui prévaut aujourd’hui touchant l’issue de l’affaire américaine. Cette impression est bien moins mêlée d’alarmes qu’il y a quinze jours, Des éclaircissemens successifs sont venus atténuer les craintes que l’on avait conçues au premier abord. Il paraît certain maintenant que le commodore Wilkes a agi sous sa propre responsabilité, et non d’après des instructions spéciales de son gouvernement. La visite du Trent, la capture