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en tout, 822 canons et 7,541 chevaux. Ces navires sont armés par 5,500 matelots, auxquels s’ajoutent un régiment de soldats de marine de 2,160 hommes, 1,000 artilleurs, et 2,400 vieux marins plus particulièrement embarqués sur les flottilles qui gardent Peschiera et Venise.

Tous ces navires sont construits avec des matériaux de choix. On a employé pour la membrure et les bordages le chêne d’Istrie. Toutes les chevilles et les clous au-dessous de la flottaison sont en cuivre. Des bandes de fer placées obliquement au-dessous du bordage intérieur relient les membrures et donnent à la coque une grande solidité. Ces bâtimens, beaux et solides, semblent bien appropriés aux deux buts que l’on veut atteindre : la force et la vitesse. Ils peuvent sans désavantage entrer en comparaison avec ce qu’il y a de mieux dans le même genre chez les autres puissances maritimes. À l’exception du yacht Fantaisie, du bateau à vapeur Impératrice-Elizabeth et de la frégate Radetzky, ils ont tous été construits en Autriche. Toutes les machines à hélice, excepté celles des frégates Donau et Radetzky, ont été faites dans divers établissemens autrichiens, surtout dans Tusine de l’institution technique de Trieste : elles sont du système Modsley, à chaudières tabulaires ; le nombre de tours d’hélice qu’elles donnent sur les vaisseaux, frégates et corvettes, est de 70 ; sur les petits navires et chaloupes canonnières, de 100. Les frégates et les corvettes ont une marche de 91/2 à 10 nœuds à la vapeur ; le vaisseau Kaiser a filé 12 1/2 et 13 nœuds : on attend 10 nœuds des canonnières actuellement en construction à Trieste. On cite les vapeurs Elizabeth et Greif comme d’excellens marcheurs : ils ont obtenu des vitesses de 13 nœuds 1/2. Les vapeurs Greif, Trieste et Fiume, qui appartenaient autrefois au Lloyd autrichien, furent coulés dans le canal de Malamocco pendant la guerre de 1859, afin de fermer l’entrée du port à la flotte française. Après un séjour de dix mois sous l’eau, on les a relevés ; les coques n’avaient aucunement souffert, mais les machines ont demandé de grandes réparations. — Les bouches à feu et le système de l’artillerie sur les navires de la flotte autrichienne sont les mêmes que dans la flotte française. Tous les bâtimens (à l’exception de deux bricks et de deux goélettes) sont armés avec des calibres de 30, 48 et 60. Les nouvelles canonnières devront avoir des canons rayés de 2/j. Une école de canonniers a été organisée sur la frégate Bellona. L’artillerie de marine prépare le matériel de combat dans les arsenaux et fait le service des soutes à bord des navires, mais de même que chez nous elle ne prend aucune part à la manœuvre des pièces.

Les équipages, à l’exception d’un petit nombre d’Italiens, sont composés maintenant de Slaves et de Dalmates ; ces derniers sont renommés comme les meilleurs marins de l’Adriatique. Voulant germaniser sa flotte, le gouvernement impérial a levé dans les provinces du nord-ouest de l’Autriche un certain nombre de jeunes gens qui ont dû apprendre le métier de matelots. Après plusieurs années d’efforts, on était parvenu à armer entièrement le brick le Triton avec ces matelots allemands ; malheureusement ce navire a sauté en l’air sur la rade de Raguse au mois de juin 1859, et quatre ou cinq hommes de l’équipage ont seuls échappé à la mort. La solde des matelots n’est pas considérable ; mais les vivres, dans les casernes à terre