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L'AUTRICHE EN 1861
SES DIETES ET SON PARLEMENT

Depuis un an, l’Autriche offre un intéressant spectacle. Les patentes impériales du 20 octobre 1860 et du 26 février 1861 ont fait succéder à un régime absolu et centralisateur un système de représentation sincère et de libertés publiques compatibles avec tous les progrès. Ce n’est point toutefois sur les avantages généraux ni sur les imperfections de détail de ce nouveau système qu’il est opportun d’insister. Derrière la lutte des partis politiques, il faut surtout étudier la lutte des nationalités, auxquelles les patentes d’octobre et de février semblent n’avoir rendu des droits que pour leur fournir des armes.

Émouvante dans tous les lieux où elle se produit, où une race opprimée aspire à reprendre son rang parmi les nations vivantes, la question des nationalités, comme on a coutume de dire aujourd’hui, inspire en Autriche une curiosité d’autant plus grande que les élémens en sont plus variés. Sans doute, et en dépit de quelques symptômes assez récens, la lutte n’y revêt pas, comme en Italie ou en Pologne, le caractère de ces incompatibilités irrémédiables et de ces haines mortelles qui, même chez l’observateur le plus superficiel, excitent des préoccupations douloureuses. L’âme n’y est point troublée par l’attente de ces événemens déplorables dont les États-Unis d’Amérique sont menacés de devenir le théâtre. En revanche, l’esprit trouve, dans la diversité des mœurs, des intérêts, des besoins moraux ou matériels des populations, les nombreux élémens de comparaisons économiques à côté des plus hautes questions politiques.