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contre ses prétentions à l’irresponsabilité dans les obligations que le gouvernement autrichien a contractées ou les conventions qu’il a souscrites.

On ne peut guère citer qu’un exemple complet de l’union personnelle entre deux états telle que l’entend M. Deak, c’est celle du Hanovre et de la Grande-Bretagne alors que les deux couronnes reposaient sur la même tête. Or le Hanovre n’a point participé aux luttes de l’Angleterre. Il n’a point été lié par les mêmes traités politiques et commerciaux ; il n’avait ni le même pavillon, ni le même drapeau ; il n’a point été représenté à l’étranger par les mêmes ambassadeurs. À coup sûr, la Hongrie n’a jamais joui d’une situation semblable, et le comte Apponyi, l’oncle du judex curiœ qui siège encore à Pesth, quand il représentait son souverain auprès du cabinet des Tuileries, n’a jamais cru défendre simultanément les intérêts distincts de la Hongrie et de l’Autriche. Mais, dira-t-on, le souverain seul est représenté à l’étranger ; soutenir les mêmes luttes ou contracter les mêmes obligations, cela prouve l’accord, non l’union entière. Chacune des deux nations a manifesté librement la même volonté et poursuivi un but commun. S’il s’agit de paix ou de guerre, c’est par le vote des subsides et des soldats que les nations prouvent l’indépendance de leur libre arbitre. Or les diètes hongroises ont toujours conservé le droit de voter les impôts et le contingent militaire. Au fond, cette assertion ne nous semble pas bien exacte.

Jusqu’en 1848, en matière de finances, dès que le roi le postulait, le chiffre de l’impôt direct, qui consistait uniquement dans la contribution de guerre, était voté par la diète, qui en ordonnait en outre la répartition et en assurait la rentrée par l’intermédiaire de la lieutenance. Cette prérogative ressemblait beaucoup à celle de nos anciens pays d’états, lorsqu’ils votaient leur part de contributions sous le nom de don royal, sans se croire pour cela indépendans. L’emploi de la contribution votée et versée au trésor échappait complètement à la diète. Les contributions indirectes, consistant dans le revenu des droits régaliens, des taxes, des douanes, du produit des mines, n’étaient pas soumises à son contrôle. Tout était réglé par la chambre aulique des finances avec le concours de la chambre aulique générale de Vienne. Enfin le boni résultant de la gestion des finances hongroises était versé au trésor allemand pour faire face aux besoins généraux de la monarchie. N’est-ce point là une véritable union en ce qui concerne les finances ? Et ce qui le prouve, c’est que le gouvernement de Vienne a toujours contracté seul tous les emprunts et traité toutes les affaires de crédit et de commerce. La patente des finances de l’empereur François en 1811 et le privilège de la banque nationale intéressaient la Hongrie comme les