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Ce naturel ardent pourra l’emporter trop loin ; je lui pardonne ses écarts. Il s’enivrera par mégarde, il ramassera une fille sur la route, il donnera volontiers un coup de poing, il ne refusera pas un duel ; il souffrira qu’une grande dame le trouve beau garçon, et il acceptera sa bourse ; il sera imprudent, il gâtera sa réputation comme Jones ; il sera mauvais administrateur et fera des dettes comme Booth. Excusez-le d’avoir des muscles, des nerfs, des sens, et ce bouillonnement de colère ou d’ardeur qui précipite en avant les animaux de noble race. Mais il souffrira qu’on le batte jusqu’au sang plutôt que d’exposer un pauvre garde-chasse. Il pardonnera à son mortel ennemi sans effort, par bonté pure, et lui enverra de l’argent en cachette ; il sera loyal envers sa maîtresse, et lui gardera sa fidélité, en dépit de toutes les offres, dans le pire dénûment et sans la moindre espérance de l’obtenir ; il sera libéral de sa bourse, de ses peines, de sa souffrance, de son sang ; il ne s’en vantera pas ; il n’aura ni orgueil, ni vanité, ni affectation, ni dissimulation ; la bravoure et la bonté surabonderont dans son cœur, comme la bonne eau dans une bonne source. Il pourra être balourd comme le capitaine Booth, joueur même, dépensier, incapable de conduire ses affaires, capable par tentation d’être un jour infidèle à sa femme ; mais il sera si sincère dans son repentir, son erreur sera si involontaire, il sera si soigneusement, si véritablement tendre, qu’elle l’aimera avec excès, et qu’en bonne foi il le mérite. Il se fera auprès d’elle garde-malade, nourrice, maman ; il l’accouchera lui-même ; il aura pour elle des adorations d’amant, toujours, en présence de tout le monde, même devant miss Matthews, qui l’a séduit. « Je déclarai que, si j’avais le monde, je serais prêt à le mettre aux pieds de mon Amélia. Et Dieu sait que je le ferais, quand ce seraient dix mille mondes ! » Il pleure comme un enfant en pensant à elle ; il l’écoute comme ferait un petit enfant. « Je répète ses propres paroles, car il m’arrive ordinairement de retenir ce qu’elle dit. » Il s’habille en cachette lorsqu’il est obligé de partir pour son régiment, et, « chantant, sifflant, se secouant, essayant toutes les façons de ne pas penser, » il s’enfuit pendant qu’elle dort, parce qu’il ne saurait soutenir ses larmes. Dans ce corps de soudard, sous cette épaisse cuirasse de tapageur, il y a un vrai cœur de femme qui se fond, qu’un rien trouble lorsqu’il s’agit de ce qu’il aime, timide dans sa tendresse, inépuisable en dévouement, en confiance, en abnégation, en effusions. Quand un homme a cela, passez sur le reste ; avec ses excès et ses folies, il vaut mieux que tous vos dévots gantés.

À cela nous répondrons : Vous faites bien de défendre la nature ; mais que ce soit à la condition de n’en rien supprimer. Un point manque dans vos gens si bien membres, la finesse ; les rêveries délicates,