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LA
PRESQU'ILE D'ADEN
ET LA POLITIQUE ANGLAISE
DANS LES MERS ARABIQUES

Grâce à la vapeur qui raccourcit les distances, le vieux monde oriental s’ouvre de plus en plus, on l’a souvent remarqué, à l’influence européenne. Le Caire n’est qu’à huit jours de Paris, en quatorze jours on sort de la Mer-Rouge, en moins de vingt on peut toucher aux rivages de l’Inde. Les races immobiles de l’Orient, qui ne s’inquiètent guère de ce phénomène, dont elles ignorent la loi, seront peu à peu absorbées par l’Europe. L’Angleterre, plus qu’aucune autre nation, est allée au-devant des merveilleux progrès que permet la vapeur, et l’on peut dire qu’elle s’en est servie pour asseoir sa puissance dans l’Inde et même dans tout l’Orient. La navigation de la Mer-Rouge, du Golfe-Persique, celle du Tigre et de l’Euphrate est aujourd’hui aux mains des Anglais, grâce à leurs puissantes lignes de steamers. Tous les ports de l’Océan-Indien, où du reste ils trônent en maîtres, voient aussi flotter leur pavillon. Non contens d’une influence si largement acquise, les Anglais ont consolidé leur domination par des conquêtes qu’on était loin de prévoir, et la presqu’île d’Aden, d’où ils commandent les mers arabiques, est en leur pouvoir depuis plus de vingt ans. De ce point, ils rayonnent sur toute la Mer-Rouge et sur les côtes orientales de l’Afrique.

Il m’a paru intéressant de rassembler quelques souvenirs sur ce coin de l’Arabie, désormais colonie anglaise, et de suivre la Grande-Bretagne