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mais encore civile, en ce sens que si, par ignorance ou incurie, la gestion d’une forêt laisse à désirer, l’agent dont elle dépend est passible d’une amende et condamné à des dommages-intérêts, Ce cas, il est vrai, se présente rarement, moins peut-être à cause des garanties de capacité qu’on exige des agens que parce qu’ils demeurent le plus longtemps possible aux mêmes postes. Pouvant avancer sur place, ils passent souvent leur carrière tout entière dans la même résidence, et finissent par connaître dans le plus grand détail les forêts qui leur sont confiées. Ils se rendent ainsi compte du mérite des différens systèmes d’exploitation et des divers procédés de repeuplement, et n’opèrent en quelque sorte qu’à coup sûr. C’est un avantage qu’ils ont sur les agens français, qui, changeant plus souvent de résidence, ne peuvent pas toujours mettre à profit dans de nouvelles localités l’expérience qu’ils ont acquise dans les autres postes déjà occupés.

Les travaux d’inspection et de contrôle sont confiés en Allemagne à des agens portant le titre d’inspecteur ou de maître particulier (först-meister, först-inspector). Ces agens, qui surveillent chaque année toutes les branches du service, rendent compte de leurs opérations à la direction supérieure par des rapports généraux périodiques ou par des rapports particuliers quand les circonstances l’exigent. Dans quelques pays, les inspecteurs réunissent tous les ans les agens sous leurs ordres et discutent avec eux les questions qui intéressent le service ; c’est dans ces réunions, qui portent le nom de comités forestiers, qu’on arrête les divers modes d’exploitation et de débit des bois, le chiffre des salaires à payer aux ouvriers, les procédés de semis ou de plantation à employer suivant les localités[1]. À côté de cette institution, il en est une autre qui lui sert de complément : c’est la lecture en commun de tous les journaux et ouvrages forestiers qui paraissent en Allemagne. Le gouvernement fait les frais d’abonnement ou d’achat, l’inspecteur reçoit les publications, qui passent ensuite de main en main et reviennent en dernier lieu à l’inspection, où ils forment une bibliothèque qui fait partie des archives. Enfin chaque année les agens forestiers des différens pays se réunissent en congrès, tantôt sur un point, tantôt sur un autre, et discutent les questions générales de culture et d’administration. C’est ainsi que tout concourt à entretenir chez ces agens l’émulation et l’amour du métier.

Pour devenir agent forestier en Allemagne, il faut avoir fait ses

  1. M. Vicaire, directeur-général des forêts, vient de prendre une mesure analogue pour l’exécution des travaux de reboisement dans les montagnes du midi de la France. Des conférences ont été organisées par régions entre les agens chargés de participer à ces travaux, afin de se concerter sur les meilleurs moyens d’appliquer la loi du 28 juillet 1860. Elles se sont réunies en 1861 à Valence, à Tarbes et à Aurillac.