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la récolte totale des déjections solides et liquides, elle évite les émanations gazeuses nuisibles aux animaux, enfin elle maintient les toisons dans un état complet de propreté, qui en accroît la valeur commerciale et facilite les opérations ultérieures du blanchiment et de la teinture de la laine. Cette méthode de stabulation semble parfaitement appropriée à la préparation et à la conservation des engrais mixtes ; elle est d’ailleurs très simple : il suffit d’établir à 1 mètre ou 1 mètre 1/2 au-dessus du sol une estrade ou faux plancher en pente légère supporté par quelques pieux et traverses. Ce plancher est percé d’un grand nombre de trous évasés en dessous et assez étroits à la superficie pour que les pieds des moutons ne s’y puissent engager. Ces ouvertures toutefois suffisent pour laisser passer la presque totalité des déjections qui tombent sur une couche de terre sèche disposée sous le plancher, et qu’on renouvelle lorsque la substance terreuse saturée des liquides fécondans n’en saurait absorber ou conserver davantage. Quant aux portions d’excrémens solides demeurées à la superficie en quantités toujours faibles, il suffit d’un coup de balai pour en débarrasser le plancher en bois. Pour éviter l’inconvénient d’une trop haute élévation du plancher au-dessus du sol, on creuse parfois celui-ci de quelques centimètres ; en tout cas, un plan incliné en pente douce permet le facile accès des moutons dans la bergerie.

Un grand nombre d’agriculteurs ménagent autrement la litière des moutons, tout en préparant sans déperditions notables les engrais mixtes dans les bergeries. On commence par creuser le sol d’un mètre environ ; on remplit, à la moitié de la profondeur, cet encaissement avec de la terre argileuse bien sèche, de la marne pulvérulente ou même de la chaux vive[1] ; puis on recouvre toute la substance minérale avec une couche de 30 centimètres de litière ordinaire. Celle-ci, peu à peu tassée, laisse cependant arriver une partie des déjections liquides à la couche terreuse sous-jacente qui les absorbe ; de temps à autre, et seulement lorsque la superficie semble humide, on ajoute une légère couche de litière ; il résulte du tassement opéré sous les pieds des animaux une assez complète expulsion de l’air pour que la fermentation devienne insensible, en même temps qu’elle est prévenue dans la couche inférieure par la propriété absorbante de la substance minérale. Dans ces conditions, on peut, sans inconvénient pour la salubrité, laisser s’accumuler la litière durant plusieurs mois ; elle représente alors un plus riche engrais, et l’on n’enlève la couche terreuse qu’à l’époque où elle est à peu près saturée, constituant un excellent engrais mixte approprié

  1. Depuis plus de douze ans, on a donné la préférence à ce dernier agent hygroscopique dans les exploitations agricoles de M. Tiburce Crespel.