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tinent qui s’est le mieux approprié nos institutions. » Si cette appréciation de M. Gladstone est juste, s’il est vrai en effet que l’Italie ait montré une disposition remarquable à s’assimiler en politique les institutions les plus avancées de l’Europe moderne, elle n’en a pas moins avec la France des affinités positives, et au point de vue financier ou industriel elle aura plus d’une fois à nous demander ou des exemples ou des concours. C’est ainsi que le ministère italien songe, dit-on, à nous emprunter notre système de banque unitaire et centralisé; c’est ainsi que, pour d’autres institutions de crédit, il recherche non-seulement les modèles d’organisation française, mais l’appui des capitaux de notre pays.

Nous avons eu à constater plus d’une fois déjà cette année l’influence d’imitation que la France a exercée sur divers pays de l’Europe en matière financière. La France voulait équilibrer ses budgets, unifier sa dette, remanier l’assiette de ses revenus. Aussitôt les autres pays se sont mis à soigner leurs finances. Nous avons vu naguère cette influence se faire sentir jusqu’en Turquie, et le gouvernement ottoman contracter un emprunt à Londres avec un grand succès. Nous croyons que la Turquie se prépare à opérer chez elle une conversion, c’est-à-dire à consolider en une dette intérieure son papier de circulation, les caîmés. La réorganisation financière qu’encourage le sultan, et que poursuit avec une application intelligente Fuad-Pacha, est la plus efficace réforme qui se puisse accomplir en Turquie. Les grandes puissances européennes, à qui importe la conservation de l’empire ottoman, sont intéressées au succès des diverses entreprises financières qui se combinent à Constantinople. La France a donné à cet égard des preuves d’une réelle sollicitude à la Turquie. L’appui de ses ambassadeurs et de ses fonctionnaires spéciaux n’a pas manqué au divan. L’Angleterre, malgré ses sympathies pour l’empire ottoman, avait été jusqu’à ces derniers temps fort éloignée de montrer autant de zèle que la France pour la combinaison des mesures financières nécessaires à la Turquie. Il y avait là une sorte d’inconséquence qui a été heureusement réparée avec beaucoup d’habileté et d’esprit par sir Henry Bulwer dans les dernières transactions financières qui ont été conclues avec un si grand succès.

Dans cette œuvre de restauration financière, qui est commune à toutes les nations européennes, un grand état tel que la Russie ne pouvait demeurer en arrière. Il n’y a peut-être point de pays où de grandes mesures financières puissent à cette heure avoir plus de portée qu’en Russie, cela est manifeste depuis la fin du règne de l’empereur Nicolas, et l’empereur Alexandre a surtout pour le moment à chercher les progrès de l’empire dans l’organisation et la mise en valeur de ses ressources. Le travail intérieur de la Russie est double; il est à la fois politique et économique. Ceux qui désireraient se rendre compte de l’activité nouvelle de la Russie dans cette double voie ne pourraient choisir de meilleur guide que les Lettres très intéressantes sur la Russie publiées récemment par un éco-